Tout à fait. Quand on va un peu plus loin dans l'analyse, on voit que nous dépensons beaucoup plus pour le lycée et beaucoup moins pour le primaire. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le Gouvernement fait du primaire sa priorité première, que nous partageons en la matière.
Cela dit, quand nous lisons le budget, nous ne retrouvons pas cette priorité pour le primaire puisque vous n'agissez que sur le flux des enseignants et non pas sur les stocks existants. Si nous voulons rattraper les moyennes OCDE, nous devrons bien à un moment ou à un autre travailler clairement sur une diminution des moyens du lycée pour les réaffecter dans le primaire.
Troisième point : en France, le débat sur l'éducation nationale se résume toujours à cette lancinante question des moyens. Certes, vous avez lancé la refondation, et vous allez sans doute nous expliquer dans quelques instants que vous vous préoccupez tout autant du qualitatif que du quantitatif. Il n'en demeure pas moins que l'ensemble du débat public est dominé par cette question. Les principales critiques de nos collègues de la majorité sur ce qui s'est passé avant sont liées aux moyens et non aux décisions qualitatives prises par le gouvernement précédent.
Cette question des moyens masque les problématiques réelles de notre système éducatif.
Je n'aurai évidemment pas le temps de développer devant vous ce matin les grandes questions que nous devons trancher ensemble pour l'avenir de nos enfants ; je voudrais simplement insister sur trois priorités principales.
La priorité numéro un de l'éducation nationale, c'est bien de forger la culture commune d'une nation.
La priorité numéro deux, c'est d'élever progressivement le niveau de qualification et de compétence de nos enfants, génération après génération, pour répondre aux défis qui sont devant nous en termes de croissance et de compétitivité. Le rapport Gallois a très clairement montré que la compétitivité était certes une question de coût mais que, dans le hors coût, l'élévation progressive du niveau de connaissances et de compétences était évidemment un atout à développer.
Troisième priorité : la lutte contre les inégalités liées à la naissance. Les études nous montrent que les décrocheurs, géographiquement parlant, sont souvent situés dans les quartiers en difficulté et, en termes de catégories socioprofessionnelles, parmi les moins favorisées. Je reste convaincu que la question de la gestion de l'hétérogénéité du public passera obligatoirement par une étude approfondie de l'autonomie des établissements scolaires. Nous ne pourrons pas continuer à traiter ces différents publics avec les établissements tels qu'ils sont aujourd'hui organisés. L'un de mes regrets sur la concertation que vous avez menée, c'est que le rapport ne comporte guère plus de deux lignes sur l'autonomie des établissements scolaires, alors que c'est, me semble-t-il, l'un des outils indispensables pour relever les défis qui sont les nôtres. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et UDI.)