Intervention de Jean Jacques Vlody

Séance en hémicycle du 8 novembre 2012 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2013 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Jacques Vlody :

La mission passe de 62,3 milliards en 2012 à 64 milliards d'euros en 2013. C'est une augmentation de 2,89 % : 1,7 milliard d'euros supplémentaires. Ce budget pour l'école est un vrai budget du changement, qui reflète la priorité qu'ont souhaité lui donner le Président de la République et, au-delà, l'ensemble des Français.

Cette augmentation du budget, monsieur le ministre, donne au Gouvernement les moyens de ses ambitions pour l'école. Elle vous donne les moyens de la refondation mais aussi, par là même, une responsabilité historique. C'est un budget de changement mais aussi et surtout un budget de redressement de la France. Redressement car, au cours de la décennie qui vient de s'écouler, notre pays n'a cessé d'accumuler les dettes : la dette financière, bien sûr – les Français, exposés à la crise, en souffrent aujourd'hui plus que jamais –, mais il est une autre dette, qui compte tout autant à mes yeux, celle que vous avez très justement appelée, monsieur le ministre, la « dette éducative », fruit de dix années de mépris pour notre école, de négligence et – c'en est la conséquence – de déclin des résultats de nos élèves.

L'école et l'éducation ont certes un coût mais, mes chers collègues, l'école et l'éducation n'ont pas de prix. Combien coûte au pays l'échec de 150 000 jeunes chaque année ? Combien coûtera au pays, au bout du compte, la suppression barbare de la formation des enseignants ? Combien coûtera au pays le fait d'avoir trahi la promesse républicaine en ne réformant pas l'école, qui reproduit les inégalités au lieu de les réduire ? L'éducation ne doit pas être considérée comme une dépense. C'est un investissement dans l'intelligence, pour la croissance de demain. C'est aussi un acte de foi dans la société, dans la capacité de la République à aimer tous ses enfants, d'où qu'ils viennent.

Ce besoin d'école, ce besoin de République est encore plus présent dans les territoires d'outre-mer, où les inégalités sociales sont les plus fortes, où l'illettrisme est encore extrêmement présent, où des sociétés mixtes et diverses sont depuis fort longtemps passées au moule de l'école républicaine.

Tout cela suppose des moyens. Ils sont là, dans ce projet de loi de finances pour 2013, mais ils ne prennent leur sens qu'en ce qu'ils permettent de réaliser les objectifs définis. Aussi, madame, messieurs les ministres, je ne vous cache pas ma satisfaction : nous avons énormément apprécié le discours du Président de la République le 9 octobre dernier à la Sorbonne sur la refondation de l'école. Oui, l'école doit être refondée, parce qu'elle a été malmenée et a vacillé sur ses fondements ces dix dernières années. Monsieur le ministre, nous vous encourageons à continuer d'avancer sur la question des rythmes scolaires, sur la priorité au primaire, sur les écoles supérieures du professorat et de l'éducation.

Permettez-moi de rappeler qu'il existe dans les territoires d'outre-mer une énorme espérance. L'uniformité sur tout le territoire n'est pas souhaitable ; il y a des spécificités locales dont il faut tenir compte. Le changement, avec sa traduction budgétaire, oui, c'est maintenant, mais le changement, c'est aussi une approche différente de nos réalités. J'appelle donc votre attention, monsieur le ministre, sur la nécessité de prendre en compte la réalité du bilinguisme dans les territoires d'outre-mer et d'intégrer dans la question des rythmes scolaires les réalités géographiques et climatiques.

Nous voterons avec enthousiasme, fierté, mais aussi avec conviction le projet de budget que vous nous soumettez pour 2013. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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