Intervention de Dominique Hummel

Réunion du 5 juin 2014 à 9h30
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Dominique Hummel, président du directoire du Futuroscope de Poitiers :

J'aurais dû traduire le mot « crowd », je le reconnais.

Je me suis plus exprimé sur la faisabilité du rendez-vous que sur son opportunité. Les impasses que j'ai pu énumérer en termes de faisabilité empêchent d'autant moins de relever le défi que nous disposons de onze années pour nous y préparer. Tout dépend, en fait, du « cahier des charges » que la France voudra assumer et que le BIE et l'ensemble des acteurs voudront accepter. Il faut prendre en compte non seulement l'opinion de ceux qui achèteront leur ticket, mais aussi celle de tous ceux qui paient, par l'intermédiaire de la dépense publique, sans se rendre sur place. De façon générale, j'ai constaté que le niveau de l'acceptable avait tendance à reculer : quand le public acceptait hier d'attendre une heure pour accéder à une attraction majeure, il refuse aujourd'hui de patienter plus d'une demi-heure. En la matière, j'ai été estomaqué par la capacité de résignation des Chinois à Shanghai ; je crains que les Français de 2025 ne soient pas aussi patients. À la question de la faisabilité de ce rendez-vous, je réponds donc « oui », à condition de réviser un certain nombre de modèles.

À la question de l'opportunité, je réponds que je suis très enthousiaste, car, dès que l'on dépasse les contingences de l'organisation de l'événement et que l'on s'interroge sur son sens, il devient évident que ce rendez-vous ne peut être que très positif pour tous les Français, qu'ils visitent ou non l'exposition. Cela est d'autant plus vrai que nos concitoyens semblent vivre une forme de déprime collective.

Un travail considérable reste évidemment à accomplir, et il faut nous montrer imaginatifs. À ce stade, il est nécessaire de prendre en compte la position du BIE. J'ai constaté à Shanghai que de nombreux représentants de pays membres du BIE souffraient de la faiblesse des moyens dont ils disposaient, et vivaient comme une insulte l'étalage de richesses considérables à quelques mètres de leur pavillon. Nous pouvons sans doute nous faire beaucoup d'alliés dans la perspective du vote qui présidera au choix du pays organisateur en proposant un « ticket d'entrée » financier abordable qui rendrait l'événement plus démocratique. Dans les cahiers des charges, la France pourrait aussi se démarquer en étant très présente dans l'accompagnement des divers acteurs en matière de contenus.

Je conclus cette réponse en rappelant que notre pays dispose de certaines des meilleures entreprises du monde pour l'organisation de shows pédagogiques. Je pense à Yves Pépin, le concepteur l'éclairage de la tour Eiffel pour l'an 2000, qui a participé à l'inauguration des JO de Pékin en 2008, à l'équipe de Skertzò qui illumine tous les ans la Fête des lumières de Lyon, ou encore aux Petits Français qui ont obtenu un prix international pour leur spectacle célébrant le centième anniversaire de la révolution mexicaine de 1910. La France, grâce à ses écoles, est riche d'artistes techniciens ; il existe une véritable french touch de l'événementiel grand public qu'une exposition universelle permettrait de valoriser. Il est vrai que j'aurais sans doute pu parler de « touche française ». (Sourires.)

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