Intervention de Frédéric Reiss

Réunion du 4 juin 2014 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Reiss :

Le groupe UMP ne peut qu'approuver vos bonnes intentions de lutte contre les inégalités et d'apaisement du climat scolaire. Nous approuvons votre volonté de valoriser l'enseignement professionnel, comme celle d'expérimenter les regroupements pédagogiques et de mettre en place une « école du socle » qui permette une meilleure articulation entre primaire et secondaire.

S'agissant de la réforme des rythmes scolaires, je ne partage pas votre optimisme. La méthode dogmatique de votre prédécesseur était inadaptée. Aujourd'hui, les décrets, le sien comme le vôtre, sont toujours contestés et contribuent – comme le report de la rentrée 2014 – à la division des Français. La révolte gronde sur le terrain, et ce n'est pas parce que la plupart des maires ont présenté aux directeurs académiques des services de l'éducation nationale leur projet d'organisation du temps scolaire qu'ils adhèrent à votre réforme. Celle-ci est à mes yeux très inégalitaire et les cinquante euros d'aide n'y changeront rien. Le temps n'est-il pas venu de faire confiance aux enseignants et aux élus locaux ? Vous reprenez l'argument des journées trop longues et de l'année scolaire trop courte ; en fait, pour le premier degré, le temps d'instruction de chaque élève et la taille des classes se situent en France dans la moyenne de l'OCDE.

Par ailleurs, le rapport de la Cour des comptes de mai 2013 concluait que l'éducation nationale ne souffrait pas d'un manque de moyens ou d'enseignants, mais qu'elle utilisait mal les moyens existants. La majorité a annoncé la création de 60 000 postes : pour nous, ce n'est pas la panacée.

À l'ère du développement des technologies numériques, il est plus que jamais indispensable de se concentrer sur le socle commun de connaissances, de compétences et de culture : vous l'avez dit et je n'y reviens pas. De ce point de vue, l'audition de M. Boissinot, président du Conseil supérieur des programmes, nous a rassurés.

Le ministère de l'éducation nationale a choisi de privilégier le nombre d'enseignants plutôt que leur rémunération et, au sein de la rémunération, la part indiciaire plutôt que la part indemnitaire. La majorité a, hélas ! supprimé la défiscalisation des heures supplémentaires, qui apportait du pouvoir d'achat aux enseignants. Faut-il, dans ces conditions, s'étonner du peu d'attractivité du métier d'enseignant ? Je rappellerai simplement que la moitié des postes au CAPES de mathématiques sont restés vacants.

La fonction d'enseignant exige des compétences disciplinaires et pédagogiques – qui seront certainement renforcées par les ESPE – mais aussi de l'humanité, qui permet, en nouant des relations de confiance avec le groupe-classe, d'installer un climat relationnel chaleureux et épanouissant, mais aussi exigeant.

Il y a deux ans, j'avais reproché à M. Peillon de passer sous silence les progrès – assez spectaculaires – des enfants à l'entrée en CP, que vous avez évoqués tout à l'heure. Malheureusement, cette réussite ne se confirme pas en CE2 : on constate une baisse des résultats en français, et la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l'éducation nationale tire même la sonnette d'alarme pour les mathématiques. Il serait vraiment regrettable de ne pas tirer tous les bénéfices de l'existence d'une école maternelle que le monde entier nous envie. Au-delà du slogan « plus de maîtres que de classes », quelles actions concrètes allez-vous mettre en oeuvre pour remédier à cette situation ?

Enfin, je crois beaucoup à l'importance du chef d'établissement. Votre prédécesseur avait ouvert des discussions sur la fonction de directeur : sur la réforme du statut des directeurs d'école et sur la revalorisation de cette fonction, où en êtes-vous ?

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