Merci, monsieur le ministre : ces échanges sont importants, car nous devons avancer pour refonder l'école, qui doit redevenir le lieu de la lutte contre le déterminisme social. Le groupe écologiste approuve les objectifs de votre lettre du 22 mai dernier.
Concernant la réforme des rythmes scolaires, je voudrais toutefois insister sur la nécessité de pérenniser le fonds de soutien aux collectivités ou de trouver un mécanisme de péréquation. Il en va de l'équité territoriale : chaque élève doit se voir proposer des activités gratuites et de qualité. L'État ne peut pas se désintéresser des activités périscolaires, qui font partie du parcours éducatif de l'enfant. C'est d'ailleurs pourquoi nous souhaitons la généralisation des projets éducatifs territoriaux.
De même, quels transferts de financement et quels mécanismes de péréquation prévoyez-vous pour permettre aux régions, après la réforme territoriale, de gérer les collèges ?
Comment pensez-vous faciliter l'accès des enfants handicapés aux activités périscolaires, problème récemment pointé par le Défenseur des droits ? Je n'évoque pas même ici le cas des enfants handicapés qui ne sont pas scolarisés.
La circulaire relative à la préparation de la rentrée scolaire 2014 du 20 mai dernier promeut « l'école inclusive ». Nous nous en réjouissons, mais il est nécessaire d'aller plus loin en renforçant les moyens humains, financiers et pédagogiques. Je me félicite du passage en contrat à durée indéterminée d'AVS plus nombreux. Des efforts budgétaires sont-ils envisagés sur ce point, ainsi que sur les RASED (réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté) ? Le rattrapage financier est en effet une nécessité.
Nous approuvons votre volonté de renforcer et de mieux cibler les moyens accordés à l'éducation prioritaire. Toutefois, il faut veiller aux conséquences qu'une telle politique peut avoir : il ne faudrait pas trop déshabiller Pierre pour habiller Paul…
Lutter contre le décrochage scolaire implique de nous interroger sur notre conception de l'éducation et de l'école : nous plaidons, vous le savez, pour que plus de liberté soit accordée aux équipes pédagogiques ; nous voulons favoriser les expérimentations, afin d'adapter les programmes à chaque élève plutôt que l'inverse ; nous voulons ouvrir l'école sur l'extérieur et permettre aux élèves de devenir les acteurs de leur éducation. C'est par ce changement d'approche que nous parviendrons à démocratiser la réussite.
La transformation des pratiques d'évaluation préconisée dans la circulaire va dans le bon sens, mais ce n'est qu'un premier pas : il faudrait interdire pour de bon cette fichue notation chiffrée, tellement stigmatisante, et revenir sur les systèmes de compensation entre disciplines qui n'ont aucun sens. Il faut redonner le plaisir d'apprendre, car la réussite scolaire est intimement liée au plaisir d'apprendre, lui-même indissociable du plaisir d'enseigner. Oui, retrouvons ce mot de plaisir !
La formation des enseignants, grâce aux ESPE, est un aspect essentiel. Où en êtes-vous du grand programme de formation continue que nous appelons tous de nos voeux et que vous avez seulement évoqué ? S'agissant de la formation initiale, nous avions indiqué notre préférence pour un concours de recrutement des futurs enseignants à l'entrée en première année de master, afin que deux années soient véritablement consacrées à la formation des futurs enseignants plutôt qu'à du bachotage. Votre prédécesseur avait paru ouvert à l'idée d'étudier cette proposition et notamment son coût. Qu'en est-il aujourd'hui ?
La question du pré-recrutement doit également être à nouveau posée, en particulier pour remédier au manque d'enseignants dans certaines académies ou disciplines. Alors que les besoins sont énormes, la Cour des comptes vient de mettre en évidence une sous-consommation du plafond d'emploi : où en est-on dans les recrutements ?
Pourriez-vous préciser le calendrier envisagé pour la suite des réformes ? Je pense notamment à la réforme du collège, pour lequel il y a beaucoup à faire, notamment en mettant en place l'école du socle et en réformant le statut des enseignants.
Enfin, on lit dans la presse que les « ABCD de l'égalité » pourraient ne pas être généralisés et pérennisés. Soyons clairs : la lutte contre les stéréotypes de genre et pour l'égalité femme-homme ne peut plus attendre ; elle ne saurait être encore une fois reléguée à un « plus tard » qui n'arrive jamais. C'est en déconstruisant les stéréotypes de genre dès le plus jeune âge que l'on parviendra peut-être un jour enfin à l'égalité.