Après avoir essayé de cerner la façon dont le concept de bouquet énergétique était mis en oeuvre à l'échelle de l'Europe et étudié la place du secteur nucléaire en France, notre commission d'enquête s'intéresse désormais à la filière elle-même en commençant par son combustible principal. Si nous parlons à ce propos de « l'aléa uranium », c'est qu'on peut se demander si notre dépendance à l'égard de cette matière première ne risque pas de poser problème à court ou moyen terme. Quelle est l'évolution de son prix ? En tant que directeur de la division « combustible nucléaire » d'EDF, vous êtes, monsieur Granger, directement responsable du milliard et demi d'euros que le groupe, selon la Cour des comptes, consacre chaque année à ses achats de combustibles. Vous êtes également responsable des stocks constitués pour sécuriser son approvisionnement – une charge que l'on pourrait d'ailleurs imaginer de faire porter sur AREVA, avec laquelle vous partagez le même actionnaire principal.
AREVA est le principal fournisseur d'EDF, mais non son fournisseur exclusif, que ce soit pour la matière première elle-même ou pour les services rendus en amont – conversion, enrichissement et fabrication des assemblages. L'électricien met en oeuvre une politique de diversification dont nous aimerions connaître les tenants et aboutissants, car les dissensions au sein de « l'équipe de France du nucléaire » ne sont pas toujours comprises.
Avant de vous laisser la parole, je dois vous demander, conformément aux dispositions de l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958, de bien vouloir jurer de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.