Ces questions sont en effet examinées régulièrement avec les services de l'État, lors des réunions du conseil de politique nucléaire ou dans d'autres cadres.
Les capacités de conversion et d'enrichissement d'AREVA qui ne sont pas employées par EDF sont consacrées à d'autres clients. Or ces capacités sont bien évidemment limitées : dès lors que la société a une stratégie de développement, il convient de définir la part pouvant être réservée à EDF et celle qui pourra être utilisée pour gagner des marchés à l'international.
Les marchés de l'extraction, de la conversion et de l'enrichissement – c'est un peu moins vrai pour la fabrication – sont extrêmement internationalisés. Les raisons en sont industrielles : les capacités de conversion sont plutôt concentrées en Amérique du Nord, tandis que celles d'enrichissement sont principalement situées en Europe – aux mains d'URENCO et d'AREVA. Comme il s'agit de deux étapes indispensables de la chaîne d'approvisionnement, les logiques industrielles ne peuvent qu'être internationales. À cet égard, AREVA, en tant que grand acteur de l'amont du cycle nucléaire, a sa propre stratégie, de même qu'EDF, qui doit sécuriser son approvisionnement, a la sienne.
C'est en effet à notre société, et à nulle autre, que les services de l'État ont confié la responsabilité d'assurer la sécurité de son approvisionnement. EDF a ainsi toujours constitué des stocks de combustible. Chaque année, nous analysons l'ensemble des risques – techniques ou autres – pesant sur tous les pays d'approvisionnement, puis, en fonction des résultats, nous calculons nos stocks et décidons de les positionner à tel ou tel point de la chaîne. Si nous identifions un risque sur certaines mines, les stocks seront par exemple plutôt constitués après la conversion.
Il y a quelques années, l'enrichissement a connu une importante mutation, avec le passage de la diffusion gazeuse – une technologie maîtrisée principalement par la France et les États-Unis – à l'ultracentrifugation, sur laquelle ces deux pays avaient pris du retard. Le risque que nous avions alors identifié nous a conduits à déporter les stocks vers le point de la chaîne situé après l'enrichissement. C'était plus coûteux, mais en termes de sécurité d'approvisionnement, cette décision a permis de compenser les difficultés de développement de l'ultracentrifugation, notamment en France.
En quantité, les stocks représentent un peu plus de deux années de consommation pour EDF, ce qui est considérable par rapport aux autres matières premières comme le pétrole ou le gaz.
Notre portefeuille d'approvisionnement est constitué de contrats de long terme. Mais ces contrats comportent systématiquement des options et des clauses de flexibilité, nécessaires pour que nous puissions nous adapter à la demande. Dans le cas, exceptionnel, où une option se révèle plus chère que le prix du marché spot, il est possible de ne pas la lever et d'acheter de l'uranium sur ce marché. Mais cela ne porte que sur des quantités très faibles.
D'ailleurs, dans le marché de l'uranium, le marché spot est principalement un marché d'ajustement.