Je ne suis en effet pas spécialiste, et vous aurez l'occasion de recevoir des gens beaucoup plus compétents que moi dans ce domaine. Je me contenterai donc de quelques précisions.
Je n'ai pas dit que les réserves d'uranium étaient de 5 000 ans. Si j'ai cité ce chiffre, c'est pour montrer que la question de la ressource en uranium ne se pose pas réellement dès lors que l'on croit au progrès technique. Le débat qui a lieu sur le niveau des réserves en l'état actuel de la technologie – 100 ou 150 ans – n'aurait en effet plus de sens si nous développions une autre génération de réacteurs. L'ordre de grandeur ne serait alors plus du tout le même.
Bien sûr, une telle progression ne serait ni simple, ni rapide. Mais ce qui est certain, c'est que pour les autres sources d'énergie fossiles, telles que le pétrole ou le gaz, nous n'avons pas les mêmes perspectives de progrès technologique, même si elles bénéficient également d'améliorations qui permettent d'en prolonger l'exploitation. C'est notamment le cas pour le pétrole, dont les réserves s'accroissent avec les progrès accomplis en matière d'exploration et d'extraction – il faut donc rester très prudent en parlant de réserves prouvées.
En tout état de cause, il n'y a aucune raison de craindre une pénurie d'uranium. S'il y a une matière première susceptible d'être très longtemps disponible, c'est bien celle-là, à condition de réaliser les développements technologiques adéquats, notamment de passer à une nouvelle génération de réacteurs.
S'agissant des réacteurs en fonctionnement, leur durée de vie n'est pas de trente ans, ni de quarante ou de soixante : ils sont examinés tous les dix ans par l'Autorité de sûreté qui, selon les résultats, donne ou non à EDF l'autorisation de les exploiter pendant une décennie supplémentaire. Il est vrai que le système est très différent aux États-Unis, où les exploitants disposent d'une plus grande visibilité sur la durée de vie des réacteurs – hier quarante ans, aujourd'hui soixante dans la plupart des cas. Les électriciens américains commencent même, vous y avez fait allusion, à constituer des dossiers pour obtenir une prolongation jusqu'à quatre-vingts ans. Sur le plan physique, ils n'ont pas tort : les progrès réalisés dans le domaine des matériaux, ainsi qu'en matière de surveillance du comportement des éléments des centrales, autorisent à se montrer optimiste. Mais une fois de plus, cette décision relève chez nous de l'Autorité de sûreté et de son appui technique.