Intervention de Bernard Bigot

Réunion du 27 mai 2014 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Bernard Bigot :

Si la France essaie de se comparer en terme de simulation à d'autres États dotés d'armes nucléaires, on constate que les États-Unis conduisent une démarche proche de la nôtre, avec des installations expérimentales similaires. Il convient surtout de noter que, contrairement à ce qui a pu être dit ici-même par d'autres, les puissances nucléaires que sont la Chine et la Russie, se sont dotées ou sont en train de se doter d'outils de simulation comparables aux nôtres, en termes d'installations de radiographie, de lasers de puissance et de supercalculateurs.

Sur ce dernier domaine, la Chine est devenue très rapidement un acteur de tout premier plan au niveau mondial, en disposant aujourd'hui d'un supercalculateur de capacité 30 Pétaflops. Je dis bien trente fois la puissance de notre équipement actuel. Je ne peux croire que le développement prioritaire de cette puissance exceptionnelle soit sans aucune relation avec les enjeux de la simulation. La Chine avance, par ailleurs, à un rythme soutenu dans la construction d'un laser similaire à notre Laser Mégajoule.

Le CEADAM s'est attaché à conduire le programme de simulation en toute responsabilité, en maîtrisant le budget qui lui a été alloué et en ajustant, durant chaque loi de programmation, le déroulement de ce programme au strict besoin des programmes d'armes nucléaires.

Concernant les aspects budgétaires liés à la simulation, qui eux aussi font souvent débat, je voudrais mentionner devant vous deux réalités importantes.

D'une part, grâce à la simulation, le coût de garantie des performances des têtes nucléaires françaises a été réduit d'un facteur supérieur à deux, comparativement à ce qu'il était à l'époque des essais nucléaires réalisés en Polynésie Française.

D'autre part, les dépenses de construction et d'exploitation de la simulation diminueront sur la durée de la programmation militaire actuelle, comparativement à la précédente loi de programmation, tout en prenant en compte en particulier la poursuite jusqu'en 2022 de la construction de l'installation Epure, en conformité avec les engagements que nous avons pris avec nos amis britanniques.

Je voudrais enfin rappeler ici que le programme de simulation n'est pas défini dans l'absolu, encore moins pour la seule satisfaction intellectuelle des scientifiques et ingénieurs du CEA, mais il l'est, par le chef de l'État et le Gouvernement, en fonction des impératifs de calendrier et de performances techniques des composantes de la dissuasion. Que certains puissent laisser penser qu'il en est autrement est juste inconvenant, quand on sait le dévouement exceptionnel des personnels du CEA au service de l'État.

Voilà ce que je pensais utile de partager avec vous, Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés. Je vous remercie de votre attention et me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions, avec M. Daniel Verwaerde, le directeur du CEADAM.

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