Je vais maintenant aborder le sujet qui vous intéresse le plus, à savoir celui des nouvelles formes d'hébergements et la position de la ville. Nous sommes dans une situation particulière car les hôtels parisiens affichent un taux d'occupation de 79 % et sont donc très rentables. Le problème réside dans le déficit de capacité hôtelière. La croissance de l'activité touristique passera par la possibilité d'héberger de nouveaux touristes. Nous avons donc un plan hôtels pour développer la capacité hôtelière à Paris. Cela concerne 12 000 chambres sur la métropole dans les six ans qui viennent.
Mais nous considérons toute opportunité créatrice d'hébergement touristique plutôt avec bienveillance. Ces nouvelles modalités, qu'elles se nomment Airbnb ou Sejourning – qui est une start-up incubée dans le welcomecitylab, l'incubateur de la Ville de Paris – sont regardées avec une relative bienveillance. D'une part, parce qu'elles apportent une offre hôtelière supplémentaire et d'autre part parce que dans un marché hôtelier parisien où les prix sont globalement élevés – avec une nuitée aux alentours de 170 euros – ces acteurs permettent une offre hôtelière à bas coût. Le prix des nuitées est compris entre 59 et 69 euros. C'est à Paris une entrée de gamme intéressante pour accueillir des publics pour lesquels il serait difficile de venir. Nous avons beau faire des efforts sur la construction d'auberges de jeunesse et favoriser les hôtels à bas coût, les dispositifs de type location de très courte durée de sa résidence principale à travers des sites internet d'économie collaborative permettent des offres pas chères qui nous intéressent car nous ne souhaitons pas avoir exclusivement une clientèle touristique de luxe à Paris. De ce point de vue-là, nous trouvons un intérêt réel à ces plateformes.
Pour autant, si nous les reconnaissons comme activité hôtelière, il faut qu'elles en respectent les règles du jeu. La première d'entre elles étant que ces plateformes ont vocation à être dans l'assiette et à collecter la taxe de séjour. Elles offrent un hébergement de type hôtelier à des touristes qui vont être usagers des politiques publiques parisiennes tout en n'étant pas des imposables parisiens. La taxe de séjour permet de compenser ce déséquilibre. Deuxièmement, nous devons travailler avec elles sur des systèmes de détection d'offres locatives présentées comme temporaires mais qui en réalité ne le sont pas et détruisent du logement. Tant que l'on reste dans le cadre de la résidence principale que le propriétaire souhaite louer quelques jours car il part en vacances ou n'est pas chez lui, ces dispositifs sont à nos yeux plutôt intéressants. Si cela devient un dispositif qui permet de louer à très fort coût et de nourrir la spéculation immobilière à Paris, alors nous nous y opposerons.
Ce que nous souhaitons trouver, y compris avec les opérateurs avec lesquels nous essayons de travailler en bonne intelligence, c'est un compromis pour mettre en place un système de détection des appartements qui seraient loués plus de 90 jours par an – peut-être 140 si nous nous référons à la définition de la résidence principale retenue par la loi ALUR – voire d'interdiction, pour que ceux-ci passent dans une autre catégorie, à savoir le meublé touristique et soient ainsi soumis à une fiscalité différente et avec les obligations que j'ai mentionnées précédemment.