Le problème est ce qu'en retiendront les journalistes dans un document qui insiste avant tout sur ce qui peut faire peur. Les recommandations en faveur d'une amélioration de la sécurité, par exemple par la généralisation des redondances, sont incontestables, mais on ne peut faire abstraction du fait qu'il n'existe pas d'alternatives au nucléaire : ce ne peut être ni le photovoltaïque, ni l'hydraulique, ni, après l'arrêt du Conseil d'État, l'éolien, qui est en dernière analyse financé par l'État. Partout où on recourt à ces énergies nouvelles, il faut rallumer les chaudières au fioul ou au gaz ! Si ce rapport doit faire peur, ce devrait plutôt être pour convaincre d'investir dans la maintenance des réacteurs de deuxième et troisième générations, afin de les sécuriser et de prolonger leur vie, ce qui en abaisserait mécaniquement le coût comme l'a indiqué la Cour des comptes et nous donnerait du temps pour travailler aux technologies de l'avenir.
Pour résumer, la transition énergétique passera certainement par plusieurs voies mais, pour ce qui est du nucléaire, elle doit se faire vers une quatrième génération dans laquelle le combustible acquiert une durée de vie illimitée. Il faut donc investir dans la recherche tout en confortant la troisième génération afin de nous ménager les vingt années nécessaires pour ce saut technologique. Le pire qui puisse nous arriver, c'est que ce soient la Chine, les États-Unis ou le Royaume-Uni qui fassent ce saut – ou encore le Japon, qui s'est remis au nucléaire, ou l'Allemagne, qui pourrait s'y remettre. En effet, le constat est là pour tous : personne n'est mort du fait du nucléaire, pas même à Fukushima où c'est le tsunami qui a tué. Mais, dans ce rapport, on a opté pour faire peur avec ce qui fait notre force ! Pour moi, libéral-social, qui ne suis gaulliste que par admiration pour l'auteur d'une décision qui a assuré à la France trente années de tranquillité, je dois avouer que ce qui m'inquiète, c'est la suite !