Intervention de Bernard Accoyer

Réunion du 5 juin 2014 à 10h00
Commission d'enquête relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d'exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l'électricité nucléaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernard Accoyer :

Je ne répéterai pas ce qui a été fort bien dit par les orateurs précédents.

Je déplore que cette commission d'enquête ait été conduite de façon militante et partisane par son rapporteur, alors que l'objectivité et l'impartialité doivent être la règle dans une telle instance, vouée à éclairer les choix du pays. Je regrette également les errances du calendrier, régulièrement bouleversé pendant la suspension des travaux de l'Assemblée, et l'audition de certaines personnalités qui, dénuées d'expertise scientifique, n'étaient que des militants, de surcroît délinquants, qui s'étaient livrés, avec leurs associations, à des actes violents mettant en danger, non la sûreté, mais la sécurité de nos installations, en particulier au regard du risque terroriste. Sur ce point, monsieur le rapporteur, vous portez une responsabilité considérable.

Je regrette aussi que la question de la fermeture de Fessenheim, qui aurait pu faire l'objet d'une commission d'enquête à elle seule, n'ait été incluse dans le champ de la nôtre qu'à la faveur d'un amendement, si bien que son impact n'est abordé que très succinctement, insuffisance irresponsable au regard des conséquences énumérées par Michel Sordi. De nos auditions, il ressort que le coût de cette fermeture se monte à 8 milliards d'euros : est-il sérieux de maintenir une telle décision, purement politique, au moment où le Gouvernement demande aux Français un effort de 50 milliards d'euros ?

En matière énergétique, les choix ne peuvent laisser place au parti pris et au dogmatisme, car ils sont essentiels pour notre pays ; aussi je me réjouis d'avoir entendu Christian Bataille dire qu'ils dépassent les clivages politiques, et que des hommes de gauche les avaient anticipés, précédant le général de Gaulle et Georges Pompidou.

L'erreur colossale qu'a été, en 1997, la décision de Lionel Jospin de fermer Superphénix, générateur de quatrième génération qui donnait vingt ans d'avance à la France, est en train de se reproduire, et pour les mêmes raisons, celles d'un compromis politique avec les Verts.

Ce qui m'a le plus choqué, dans les quelques pages que j'ai pu lire – les conditions d'examen du rapport interdisant d'en prendre connaissance de façon approfondie –, c'est la distance qui sépare les recommandations, fruits d'un compromis politique – quoique en la matière les compromis politiques mènent souvent à des catastrophes –, et le contenu du rapport lui-même, qui est une « bombe ». C'est précisément ce que voulait notre rapporteur, M. Baupin. Ce qu'il souhaite, avec la banque de données qu'il s'est constituée et les pages explosives dont seront extraites des citations tronquées, c'est que prospèrent les peurs, le renoncement et le passéisme, sur quoi il a bâti son action politique. Détail révélateur, le mot « recherche » n'apparaît qu'une seule fois dans le rapport, au sujet des techniques de démantèlement. Tout cela, monsieur le rapporteur, n'est conforme ni au génie de la France, ni à son histoire, ni à l'intérêt de sa jeunesse ; et ce n'est certes pas ainsi que vous sortirez notre pays de la situation où il se trouve. Votre rapport, irresponsable, cherche à vendre une utopie, une idéologie, en utilisant à cette fin des méthodes peu recommandables.

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