Intervention de François Brottes

Réunion du 6 février 2014 à 9h00
Commission d'enquête relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d'exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l'électricité nucléaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Brottes, président :

Monsieur Oursel, je vous remercie d'avoir répondu à l'invitation de notre commission d'enquête. À titre exceptionnel, cette audition se déroulera à huis clos et ne fera pas l'objet d'un enregistrement vidéo.

Nous nous concentrerons ce matin sur les questions liées au combustible nucléaire. Le nucléaire est souvent présenté comme une énergie non carbonée, ce qui choque toujours notre rapporteur, M. Denis Baupin. Il est aussi présenté comme une énergie propre, alors qu'il génère des déchets. On souligne aussi que cette énergie permet de garantir l'indépendance nationale, mais notre sous-sol ne recèle plus, ou pas, le combustible nécessaire à cette autonomie – cette question a donné lieu naguère à de vigoureux débat avec M. Yves Cochet. Le combustible nucléaire est-il inépuisable ? Les générations de réacteurs à venir sont-elles susceptibles de nous libérer de notre dépendance à l'égard de l'uranium ?

En 2013, AREVA a réalisé près de 19 % de son chiffre d'affaires, soit 1,8 milliard d'euros, dans le secteur minier, et près de 24 %, soit 2,2 milliards d'euros, dans le secteur amont, qui regroupe les activités de conversion, d'enrichissement et de fabrication de combustible. Ces chiffres, qui ne concernent pas seulement EDF, mais l'ensemble des clients d'AREVA, donnent la mesure des enjeux pour votre entreprise. Votre prédécesseur insistait du reste sur le fait qu'AREVA intervient sur la totalité du cycle nucléaire, en faisant même une affaire d'éthique pour l'entreprise. Je ne pense pas que cette stratégie ait changé sous votre autorité.

Le nucléaire est l'une des industries les plus capitalistiques et l'essentiel de ses coûts sont liés au capital, de sorte que la compétitivité de la production d'électricité nucléaire n'est acquise qu'à condition que le coût du combustible soit maîtrisé. Ce combustible est-il rare ou non ? La France est-elle prise dans des négociations « impossibles » avec certains États ? Par ailleurs – et c'est l'une des raisons justifiant la tenue de cette audition à huis clos –, la production de combustible peut mettre en jeu la vie d'hommes et de femmes dans certains pays, comme on l'a malheureusement déjà observé. Tout-à-l'heure, nous interrogerons d'ailleurs un représentant du ministère des affaires étrangères sur la dimension politique du problème. Il reste toutefois cette question essentielle que nous vous posons en premier : quelle est la réalité de notre dépendance à un combustible rare et, peut-être, de plus en plus cher ?

Monsieur Oursel, conformément aux dispositions de l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958, je vous demande maintenant de prêter le serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion