Intervention de Luc Oursel

Réunion du 6 février 2014 à 9h00
Commission d'enquête relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d'exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l'électricité nucléaire

Luc Oursel, président du directoire d'AREVA :

AREVA s'est en effet lancée, bien qu'un peu tard, sur le marché des énergies renouvelables. La proportion de 1 % n'a de valeur que comptable, la part de ce secteur dans nos activités est en fait, aujourd'hui, de l'ordre de 5 ou 6 %. Dans ce domaine, nous sommes partis de zéro pour atteindre un montant de quelques centaines de millions d'euros : certaines start-ups pourraient nous envier une croissance aussi rapide. Il ne nous en faut pas moins poursuivre ce mouvement.

Malgré l'intérêt porté par nombre de pays aux énergies renouvelables, les prises de commandes sur l'ensemble du marché mondial ont chuté de près de 30 % entre 2011 et 2013, car certains pays qui s'étaient lancés vigoureusement dans cette voie se sont brusquement interrogés sur la possibilité de soutenir un effort nécessairement important à coups de subventions. Cela s'est traduit par des difficultés majeures pour la quasi-totalité des fournisseurs d'équipement, qui ont dû prendre des mesures de restructuration ou arrêter certaines activités – comme Siemens, qui a renoncé à être présent dans le secteur de l'énergie solaire.

L'éolien terrestre, qui requiert de moins en moins de subventions, est cependant pour nous un marché totalement occupé, sur lequel AREVA n'a pas la possibilité de prendre pied – Mme Lauvergeon, qui avait souhaité acquérir certaines entreprises dans les années 2003-2004, n'a pas été suivie par l'actionnaire. Dans le domaine du solaire photovoltaïque, il est de même impossible à un nouvel entrant d'accéder à un marché totalement saturé, en particulier par les fournisseurs chinois. AREVA a donc choisi de se porter sur des technologies nouvelles, où nous pensons que nos savoir-faire technologiques et notre expérience de la gestion de projets peuvent permettre de faire baisser les coûts : l'éolien offshore, le solaire à concentration, la biomasse et le stockage d'énergie, qui devrait être prioritaire pour nous tous.

Afin d'accélérer nos efforts en faveur de l'éolien offshore, nous avons décidé de nous unir à Gamesa, entreprise espagnole leader dans le domaine de l'éolien terrestre. Nous poursuivrons cet effort et espérons que la part des énergies renouvelables dans nos activités continuera de croître. Nous n'avons pas l'intention d'intervenir seuls dans le secteur des énergies renouvelables et nous chercherons donc à constituer des partenariats, comme c'est notamment le cas avec Schneider Electric pour le stockage de l'énergie. Cette recherche de partenariats nationaux, européens ou mondiaux est absolument indispensable si nous voulons être capables de faire baisser progressivement le coût de ces technologies et de rendre ainsi leur développement supportable.

Ces technologies ont, comme le nucléaire, l'avantage de permettre une production locale et une réduction des émissions de CO2. Elles ont évidemment aussi leurs inconvénients, comme l'intermittence. Nos efforts doivent tendre à créer, comme nous l'avons fait pour l'ensemble des filières énergétiques, une industrie nationale ou européenne capable de se battre sur les marchés internationaux.

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