Intervention de Kader Arif

Séance en hémicycle du 11 juin 2014 à 15h00
Questions au gouvernement — Commémoration d'oradour-sur-glane

Kader Arif, secrétaire d’état chargé des anciens combattants et de la mémoire :

…mais, parfois, le temps s’arrête, il s’arrête devant l’horreur que vous venez d’évoquer. C’est ce que je ressens chaque fois que je me rends à Oradour-sur-Glane.

J’ai accompagné hier le Premier ministre, qui s’est exprimé avec force. Vendredi, nous étions en Normandie pour rendre hommage à ces hommes et à ces femmes qui ont sacrifié leur jeunesse pour nous libérer du joug nazi. Mais quel contraste !

Alors que les soldats alliés marchaient vers l’est, libérant nos villes une par une, sentant au plus profond d’eux-mêmes que les nuages pesant sur la France depuis 1940 pourraient bientôt se dissiper, d’autres remontaient vers le nord, animés par une macabre soif de vengeance qui les conduira aux pires atrocités. Oradour-sur-Glane était sur le chemin de la vengeance et de la mort.

Ce 10 juin 1944, Oradour-sur-Glane s’enfonce dans les ténèbres, emportant avec elle une partie de l’âme de la France. C’est l’incompréhension face à la barbarie portée au-delà de l’imaginable, au-delà de l’humain. C’est le désarroi, car aucune réponse rationnelle ne peut faire front face à la folie. C’est la perte à jamais de l’insouciance : on ne revient pas indemne d’un passage sur ces terres, dont le sol encore brûlant consume nos coeurs et nos esprits.

Notre présence, hier, montre que rien n’est oublié. Réunis dans la préservation de cette mémoire commune, nous rendons hommage aux morts, nous les pleurons comme s’ils étaient tous nos fils, nos filles, nos frères, nos pères. Ensemble, nous luttons aussi pour qu’un tel drame ne se reproduise jamais.

Écraser les graines, si insignifiantes soient-elles, d’où germerait une telle barbarie, demande une extraordinaire énergie. Menons tous ce combat pour l’humanité et pour la vie !

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