Intervention de Jean-Luc Biacabe

Réunion du 7 mai 2014 à 16h30
Commission d'enquête sur l'exil des forces vives de france

Jean-Luc Biacabe, directeur des politiques économiques à la chambre de commerce et d'industrie de Paris-Île-de-France :

Les raisons ne sont pas seulement climatiques – la rumeur court que, à tout moment de l'année, 10 % des Britanniques seraient hors du Royaume-Uni : elles sont également d'ordre culturel. Il est plus facile pour un Britannique de se rendre au Canada, en Australie ou aux États-Unis, de même qu'il est plus facile pour un Français de s'installer au Québec ou au Maroc. Il n'en reste pas moins que, pour une population équivalente, il y a deux fois plus de Britanniques expatriés que de Français. Quant aux Allemands expatriés, ils seraient quelque 3 millions, un nombre qui peut être rapporté à la population, mais qui doit être surtout analysé au regard de la puissance exportatrice allemande. Les Italiens expatriés seraient également 3 millions.

La France, qui n'a connu, tout au long de son histoire, que peu de mouvements d'émigration, s'inscrit aujourd'hui dans un processus de rattrapage – telle est du moins l'interprétation positive du phénomène. Il faut se rappeler que les problématiques de chaque pays sont différentes, même si, je tiens à le répéter, la mobilité internationale est sans aucun doute un des traits majeurs de notre époque.

N'oublions pas non plus que la France attire des étrangers : nos grandes business schools ne rencontrent aucune difficulté à remplir d'étudiants étrangers leur Master in Business Administration – (MBA. Le MBA de HEC qui coûte relativement cher – entre 50 000 et 60 000 euros par an – serait composé uniquement de Chinois si on les laissait s'y inscrire librement. C'est pourquoi HEC, qui veut attirer les meilleurs étudiants étrangers du monde entier, a mis en place des quotas.

Pour la deuxième année consécutive, Paris a été classé première ville étudiante du monde par un cabinet anglo-saxon. Si les jeunes chercheurs français sont attirés par les moyens des universités américaines, les jeunes chercheurs étrangers sont attirés dans nos organismes de recherche par des statuts plus protecteurs, notamment celui de la fonction publique.

D'après Campus France, 90 % des étudiants étrangers sont très satisfaits de leur séjour en France et un grand nombre d'entre eux souhaiteraient y rester si seulement ils pouvaient trouver un emploi : c'est donc à leur corps défendant qu'ils quittent notre pays. Les entrées et les sorties s'équilibrent.

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