Intervention de Jean-Luc Biacabe

Réunion du 7 mai 2014 à 16h30
Commission d'enquête sur l'exil des forces vives de france

Jean-Luc Biacabe, directeur des politiques économiques à la chambre de commerce et d'industrie de Paris-Île-de-France :

Pour dénombrer les Français de l'étranger, l'idéal serait peut-être d'effectuer un recensement. Le sondage est intéressant, mais il me semble nécessaire de se doter d'une vision exhaustive du phénomène au moins tous les cinq ans.

En ce qui concerne les étudiants, je me permets d'être un peu plus affirmatif que Jean-Yves Durance : nos écoles sont très bien classées. Les Chinois ou les Africains ne viennent pas étudier en France par défaut, parce que c'est moins cher ou parce qu'ils parlent français, mais parce que HEC est régulièrement en tête du classement du Financial Times pour les MBA.

S'agissant des retours, nos résultats d'enquête ont montré que la moitié des jeunes expatriés ne savent pas s'ils rentreront un jour en France.

Pour répondre à la question sur les expatriés moyennement diplômés, vous savez que les possesseurs d'un diplôme ont plus de chance de trouver un emploi et que, compte tenu de la situation du marché du travail, moins on est diplômé, plus on est incité à s'expatrier. C'est donc ici moins la logique de fuite des talents, que celle de la fuite des jeunes moins diplômés.

Au sujet des discriminations à l'embauche, vous connaissez l'histoire de ce Franco-Ivoirien diplômé de Polytechnique et qui, faute d'avoir trouvé un emploi à la mesure de ses talents en France – en raison, comme il l'a expliqué dans la presse, de ses origines –, est devenu directeur général de Prudential, numéro trois de l'assurance anglaise.

S'agissant de l'exercice de certaines professions libérales, les barrières à l'entrée en France constituent des freins pour les étrangers, même européens.

Le débat sur l'expatriation pose problème en France, en constituant un indicateur d'une situation difficile. Cela ne semble pas être le cas dans des pays comme le Royaume-Uni, où la reprise est plus affirmée.

Pour ce qui est de la distinction entre conjoncture et structure, nous en reparlerons en 2016. Alors que, en 2011, on pouvait croire que la fin de la crise était imminente, toute une génération peut avoir l'impression, en 2014, qu'elle est sacrifiée. La conjoncture est un accélérateur de la mobilité internationale, qui ira en s'amplifiant dans les deux à quatre ans à venir.

Enfin, un levier en faveur d'une « politique diasporique » réside dans l'action des pouvoirs publics en direction des populations concernées. Les députés représentant les Français de l'étranger le savent : les établissements d'enseignement français à l'étranger sont des points d'ancrage importants pour ces communautés qui, à chaque rentrée scolaire, rencontrent des difficultés pour y inscrire leurs enfants. De nombreuses initiatives, y compris privées, peuvent accroître l'offre éducative française dans les différents pays. En tout état de cause, les établissements d'enseignement sont, comme les postes diplomatiques et les chambres de commerce à l'étranger, des lieux naturels de rassemblement de cette diaspora.

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