Force est de constater que la France est très en retard sur la connaissance statistique de la mondialisation. Comment peut-elle gérer les problèmes liés à l'expatriation à partir de données intuitives ou parcellaires ? Comment peut-elle s'adapter à la mondialisation en étant à ce point défaillante dans l'évaluation de ses propres citoyens ? Pour des raisons historiques ou idéologiques, elle est le seul pays d'Europe à ne pas tenir de registre communal. L'INSEE travaille sur des évaluations par sondages réévalués tous les cinq ans : compte tenu des fluctuations mondiales, cette méthode « au doigt mouillé » est aujourd'hui totalement dépassée. Vous avez bien du courage de vouloir mettre en place un observatoire, car vous allez vous heurter à la mentalité administrative, qui ne supportera pas que l'on piétine les plates-bandes de l'INSEE ! Celui-ci devra d'ailleurs nous expliquer comment on peut maîtriser les flux si l'on ne connaît ni le nombre des Français installés à l'étranger ni même celui des Français vivant en France, ou si l'on ignore le nombre et l'identité des personnes possédant la double nationalité ! Depuis 1945, nous sommes dans le brouillard le plus opaque.
Notre pays doit dorénavant s'appuyer sur des statistiques fiables, comme le fait par exemple l'Allemagne grâce à des registres communaux où sont inscrits les changements de commune, de pays, de nationalité, les acquisitions de double nationalité, les expatriations et les retours, sans pour autant s'apparenter à une inquisition. Cet aspect devrait être mis en évidence auprès des pouvoirs publics dans le cadre de cette commission d'enquête.