Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 10 juin 2014 à 17h15
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Il me semble que l'unanimité ne devrait faire l'objet d'aucun problème sur ce point. Elle est même nécessaire.

Mais il faudrait aussi mettre en perspective les moyens de l'AFD et ceux dont disposent les banques de développement des autres grands pays. Le décalage avec les grands émergents asiatiques est considérable, en particulier pour les contrats d'export. Nous pourrions demander un tel comparatif.

Il serait par ailleurs souhaitable d'assurer une meilleure coordination avec l'aide extérieure de l'Union européenne, qui est par exemple le premier bailleur de fonds au Proche-Orient. Notre pays contribue à hauteur de 20 %, mais ce financement français n'est jamais mentionné, et il n'existe pas de coordination avec notre propre stratégie d'aide et nos objectifs de politique étrangère. Nous ne devrions pas hésiter à demander une sorte de droit de regard sur l'aide européenne, même si certains groupes politiques rechignent, au sein du Parlement européen, à considérer cette aide comme un moyen de politique étrangère et d'influence.

J'aimerais enfin vous convaincre, Madame la Présidente, de mentionner dans votre courrier la nécessité de remettre sur le métier la question de l'aide liée. Les crédits de l'AFD devraient servir aux entreprises françaises. Or, bien souvent, ce n'est malheureusement pas le cas. J'ai pu constater que ces fonds profitent fréquemment à des entreprises chinoises, indiennes, japonaises ou coréennes, y compris pour de grandes infrastructures dont l'AFD est le moteur en Afrique ou en Asie. On y trouve tout au plus un peu d'ingénierie française. Alors que nos concurrents ne se privent pas d'utiliser les outils d'aide au développement pour leurs entreprises exportatrices, nous nous infligeons une castration qui est contraire aux objectifs de notre propre ministre des affaires étrangères, qui prône la diplomatie économique. Il faudrait lui rappeler que les services de Bercy, de l'AFD et du Quai d'Orsay doivent travailler davantage ensemble.

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