Il est très difficile de distinguer expatriation volontaire et départ subi, puisque les bases de données qui recensent la présence d'une personne dans un pays ne disent rien de ses motivations. On peut effectuer des enquêtes ponctuelles : hélas, elles ne sont pas représentatives.
Le départ des jeunes Français s'inscrit dans un cycle de vie. Au sortir de l'école, les diplômés n'ont pas encore charge de famille. Quand ils atteignent 35 ans et scolarisent leurs enfants, ils songent que, si les salaires, après impôt, sont plus élevés à l'étranger, les dépenses liées à la famille et à l'éducation y sont également plus lourdes.
Pour approfondir notre enquête, il nous serait précieux d'accéder aux données de l'administration fiscale. Nous pourrions alors suivre la situation des résidents comme des non-résidents qui établissent une déclaration en France, soit parce qu'ils y perçoivent encore des revenus, soit parce qu'ils y déclarent les revenus qu'ils perçoivent à l'étranger. Ces chiffres nous permettraient de faire la distinction entre expatriation temporaire et définitive. On peut considérer que quelqu'un qui ne remplit plus de déclaration en France a coupé les liens avec le pays.
Le marché du travail n'est pas un critère d'attractivité pour les hauts potentiels, qui ont rapidement accès à l'emploi. La fiscalité leur importe davantage. Certains pays financent par la défiscalisation l'arrivée de hauts cadres internationaux. Ces aides, qui couvrent les coûts d'expatriation et de déménagement, montrent aussi symboliquement, que le pays cherche à développer son attractivité. Ce sont surtout les pays jeunes qui usent de ce procédé. Peut-être la France a-t-elle moins besoin d'envoyer un signal aux étrangers qu'une petite province comme le Québec.