Je vous remercie d'avoir réalisé, sur la question de l'émigration et de l'immigration, une étude scientifique, très différente des fantasmes qui traversent régulièrement la société française. Est-il exact que l'exil des forces vives se soit accéléré depuis deux ans ? Avez-vous déjà des chiffres pour cette période ou faudra-t-il attendre 2015, voire 2016, pour disposer de données précises ?
La notion de « cycle de vie » me semble intéressante. A-t-on étudié l'évolution des choix géographiques au gré des changements de situation familiale, ce qui pose plus généralement la question du pouvoir d'achat d'un expatrié dans un pays étranger ? La crise économique de 2009 a-t-elle fait augmenter le nombre de départs ?
Émettez-vous des réserves sur la méthode retenue par la Banque mondiale pour réaliser l'enquête sur laquelle vous vous êtes appuyés ? Comment les consulats, l'INSEE ou le ministère des Affaires étrangères pourraient-ils améliorer les données existantes ? L'appareil statistique des autres pays est-il plus performant que le nôtre ? Le cas échéant, peut-on s'en inspirer ?
Les économistes Augustin Landier et David Thesmar parlent, à propos de la France, d'« obsession égalitariste », de « bureaucratisation » et du « modèle du chercheur fonctionnaire ». Notre système est-il si anachronique qu'il fasse fuir les meilleurs chercheurs ?
L'expatriation des jeunes concerne-t-elle uniquement les diplômés ? Comment expliquer l'augmentation rapide du nombre de jeunes qualifiés étrangers qui s'installent en France ? D'où viennent-ils ? Quelle est leur nationalité ?
S'il existe en France des freins au retour, comment les lever ? Les étudiants de Sciences Po ont-ils changé depuis qu'ils sont obligés de passer un an à l'étranger ?