Au nom du groupe GDR, je salue le travail de M. Jean-Marc Bordes, dont les objectifs – assurer la diversité culturelle, faire émerger les nouveaux talents, promouvoir la chanson en langue française, garantir la pluralité des acteurs – tendent à permettre au plus grand nombre de s'enrichir des pratiques culturelles dans leur diversité.
Si nous avons adopté l'an dernier une proposition de résolution relative au respect de l'exception culturelle en Europe, c'est bien parce que nous considérons la culture comme une activité humaine, irréductible au statut de marchandise comme les autres. Vous avez raison, on ne peut pas aborder le sujet qui nous occupe sans tenir compte de l'économie des médias comme de la filière musicale – ce micromarché de 16 milliards d'euros –, ni réfléchir au poids d'internet et de ses différents supports et réseaux.
Car, si la musique n'est pas un produit comme les autres, elle n'en reste pas moins soumise aux règles du marché. Et on ne peut que déplorer la concentration du capital dans ce domaine, dont atteste la progression constante de la capitalisation boursière des géants d'internet. À l'heure où se négocie le grand marché transatlantique, il est nécessaire de se mobiliser pour sauvegarder l'exception culturelle quand la totalité de ces groupes est implantée outre-Atlantique.
À mon sens, le fait que le rapport des jeunes à la musique passe prioritairement par l'utilisation des sites de streaming ou de téléchargement ne devrait pas nous alarmer : l'essentiel est que les jeunes aient envie d'écouter de la musique et de la connaître dans sa diversité. Ces voies d'accès à la musique peuvent en ouvrir d'autres, notamment la fréquentation de festivals payants. Je suis donc d'accord avec vous pour « renforcer la phase pédagogique » de la lutte contre la piraterie, mais non pour instaurer une nouvelle taxe. Car, si l'on ne peut qu'entendre les arguments des auteurs, dont M. Jean-Claude Petit, président de la SACEM, est l'efficace porte-parole, il convient de leur faire droit, sans criminaliser quiconque. Quelle forme proposez-vous donc de donner à ce « renforcement de la phase pédagogique » ?
Vous soulignez à juste titre le recul des émissions musicales sur France Télévisions, dont aucune n'est diffusée à une heure de grande écoute. Nous est-il possible d'obtenir une modification de sa ligne éditoriale autrement que par la révision du contrat d'objectifs et de moyens, dans lequel nous avons notre mot à dire ?
S'agissant de l'avenir de la musique à la radio, vous préconisez de maintenir les quotas de diffusion francophone, d'instaurer un système de malus, enfin de consacrer davantage d'efforts – et de moyens – aux spectacles musicaux locaux, en modifiant les contraintes imposées aux radios locales afin de conforter l'exposition de la musique dans le secteur du spectacle vivant. J'approuve cette dernière proposition.
Je profite de l'occasion pour rappeler que le dynamisme du spectacle vivant doit tout au professionnalisme et à l'engagement des intermittents du spectacle. Nous devons donc entendre leur demande de renégociation de la nouvelle convention Unédic, qui les met en danger.