Intervention de Christophe Premat

Réunion du 11 juin 2014 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Premat :

Malgré le bouleversement que l'avènement du numérique a fait subir au marché de la musique au cours des dix dernières années, les vecteurs traditionnels de diffusion que sont la radio et la télévision restent les meilleurs moyens de promotion des artistes. Votre rapport, monsieur Bordes, le montre bien, par exemple lorsqu'il insiste sur la nécessité pour le service public audiovisuel de diffuser une émission musicale en première partie de soirée de manière hebdomadaire, afin de favoriser la découverte de nouveaux talents par un très large public.

La politique de l'État dans le secteur musical poursuit plusieurs objectifs, dont la promotion de la francophonie, l'éclosion de nouveaux talents et la diversité culturelle.

La musique à la télévision est représentée dans tous les genres de programmes : émissions de variétés, retransmission de concerts, vidéomusiques, documentaires consacrés à des interprètes, comédies musicales, longs métrages, magazines, actualités. Dans certains cas, elle obtient la qualification d'oeuvre audiovisuelle patrimoniale, qui occupe une place centrale dans le dispositif réglementaire applicable à la télévision. Le caractère très récent des négociations sur l'oeuvre patrimoniale, leur fragilité, l'habitude ancienne de qualification de la variété conduisent à penser que c'est par des formats innovants, pouvant prétendre au rang d'oeuvre patrimoniale, que la filière résoudra ce problème, plutôt que par une modification de la réglementation.

Je m'étonne, par ailleurs, que la France ne s'investisse pas davantage lors de grands événements médiatiques qui contribueraient au rayonnement de notre chanson et de ses jeunes talents. Je songe en particulier au concours de l'Eurovision, qui reste très populaire auprès des citoyens européens et qui permettrait de promouvoir la chanson française dans tous les pays d'Europe. Dans ma circonscription d'Europe du Nord, la préparation du concours sert ainsi à faire émerger des talents locaux : dans les pays scandinaves et nordiques, l'organisation des tours de sélection, dans plusieurs villes, est fortement médiatisée, et, entre janvier et mars, le processus de qualification fournit l'occasion de dresser un panorama des variétés. Les radios sont tenues de diffuser les chansons des compétiteurs. La chaîne de télévision danoise qui a diffusé la finale de 2014 a raflé 90 % des parts de marché. Dans de nombreux pays – Pays-Bas, Danemark, Suède, Finlande –, les scores d'audience sont impressionnants. Au Royaume-Uni, 9 millions de téléspectateurs ont suivi la finale. Évidemment, il s'agit d'un certain style de musique et les paroles sont, le plus souvent, en anglais. Mais il me paraît essentiel que, lors d'un tel événement, les chaînes de radio et de télévision s'engagent pour défendre l'image de notre chanson à l'étranger, d'autant que le français est l'une des langues officielles du concours, et qu'elles participent – ainsi que les applications numériques associées – à la qualification des candidats.

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