Pour revenir sur l’exposé de notre excellente collègue rapporteure, si les circonstances exceptionnelles existent déjà dans l’appareil législatif, il n’est point besoin de les ajouter. L’article que vous défendez, au sein de la majorité et du Gouvernement, est contradictoire en lui-même puisque, d’un côté, il prévoit des circonstances exceptionnelles, et de l’autre, à l’alinéa 4, il confère les moyens à tout individu de pouvoir contester ces dernières, en ouvrant la possibilité d’ester en justice en cas de conflit.
Cet article nous semble inutile ; il s’inscrit dans le cadre de votre logique consistant à détruire toute organisation structurée de la société sur les fondements que sont les inéluctables différences entre individus qui la constituent, pour nous faire entrer dans une espèce d’égalité absolue. Votre idéologie est d’ailleurs très mortifère, parce que le seul domaine dans lequel les humains sont totalement égaux, c’est la mort. La vie, quant à elle, est faite uniquement de différences : c’est bien parce que nous sommes différents que nous sommes ici ; c’est bien parce qu’il y a une infinie variété dans notre espèce que nous débattons ce soir. C’est pourquoi, madame la secrétaire d’État, ce débat est fondamental.
Même si une loi a été votée, il est de notre devoir et de notre travail de revenir sans cesse sur les sujets d’éthique. Pourquoi Antigone présente-t-elle toujours un intérêt, pourquoi lisons-nous toujours Homère, notre père fondateur à toutes et à tous avec autant d’intérêt ? Parce que les questions qui y sont posées sont toujours d’actualité. Il y a une essence humaine permanente avant qu’une nouvelle espèce, éventuellement, ne nous remplace.
Je me demande si cela vous parle ou si vous poursuivez une idée d’égalitarisme absolu, au moyen de cet article, je le répète, totalement contradictoire avec lui-même, incohérent : pourquoi donnez-vous, dans le même temps, la possibilité de définir les circonstances exceptionnelles et de les contester ?