Intervention de Bruno Léchevin

Réunion du 11 juin 2014 à 9h00
Commission des affaires économiques

Bruno Léchevin, président de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, ADEME :

S'agissant du financement de la transition énergétique, tous les leviers d'action ne sont pas du registre de la loi, mais un certain nombre de dispositions devraient figurer dans le projet de loi, notamment celle qui prévoit de tester des financements innovants tels que le fonds de garantie de la Caisse des dépôts ou les fonds régionaux. Si nous ne donnons pas à nos concitoyens la possibilité d'accéder à des prêts de rénovation à des taux proches de ceux accordés pour l'achat de biens immobiliers, nous n'y arriverons pas. J'espère que la Conférence bancaire fera des propositions en ce sens et que le système bancaire s'engagera dans la transition énergétique. Comment pourrait-il en être autrement ? Compte tenu des enjeux financiers considérables de la transition, je n'imagine pas que le système bancaire n'en soit pas un acteur de premier plan, d'autant que ce n'est pas l'État, vu la situation des finances publiques, qui proposera des modèles de financement intelligents.

En ce qui concerne les bornes de recharge des véhicules électriques, l'ADEME, via la Caisse des dépôts, dispose d'un fonds de développement doté de 55 millions d'euros. Un certain nombre de projets sont déjà financés à hauteur de 20 millions. La loi devrait simplifier encore les procédures de construction des bornes dans le cadre de contrats de concession et soumettre les projets à certaines conditions comme la mise à disposition d'au moins un point de charge pour 3 000 habitants. Toutes ces dispositions vont dans le bon sens.

Pour autant, le véhicule électrique n'est pas la solution alternative à tous les autres modes de transport. Nous ne nous déplacerons jamais uniquement en véhicule électrique. Il ne faudrait pas passer du tout diesel au tout électrique. C'est en accumulant tous les moyens de transport que nous réussirons la transition énergétique, et le véhicule électrique a toute sa place en milieu urbain et périurbain, notamment dans le cadre des véhicules partagés. Nous devons aussi développer les véhicules hybrides et demain les véhicules hybrides à recharge, et accompagner la montée en puissance du système stop and start.

À propos de l'ANRU, monsieur le député, vous avez raison et c'est la raison pour laquelle l'ADEME va travailler avec l'Agence. En matière de rénovation urbaine, d'importants progrès restent à faire. Nous n'atteindrons nos objectifs de transition énergétique que si nous travaillons les uns avec les autres, sans chef de file, autour de cet objectif commun très ambitieux. Nous avons beaucoup progressé en ce sens, en travaillant de plus en plus en collaboration avec l'ANAH, et nous le ferons demain avec l'ANRU. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il serait plus efficace de fusionner toutes les instances afin de réaliser des économies, car la fusion peut amener la confusion. L'ADEME est prête à évoluer, à soutenir la productivité, à assumer les enjeux qui lui sont confiés, à condition qu'on lui donne les moyens d'exister. C'est la tâche qui m'est confiée en tant que président de l'Agence, tant au niveau national que dans les territoires, et j'essaierai dans les prochains mois de m'y employer avec mes collaborateurs, tous mobilisés pour réussir la transition énergétique et écologique nécessaire pour aujourd'hui, pour demain, pour nos enfants, pour la planète, et pour faire de la transition un levier d'accélération de sortie de crise, de compétitivité, de modernisation, de création de richesses et d'emplois.

Dans quelques années, le secteur du bâtiment va créer des centaines de milliers d'emplois, particulièrement destinés aux jeunes en difficulté. Ils ne seront pas seulement des assembleurs de parpaings mais des constructeurs de transition énergétique. Quelle belle perspective pour les jeunes !

La transition énergétique appartient désormais au projet de loi qui, selon le voeu de la ministre, est un texte positif, incitatif, propre à dynamiser l'existant. Cela fonctionnera car, sur le terrain, la transition énergétique est en marche. À nous de l'accélérer pour sortir de la crise, créer les conditions de la compétitivité de demain et préparer l'économie globale de la société que nous laisserons à nos enfants.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion