Intervention de Dominique Bussereau

Séance en hémicycle du 17 juin 2014 à 15h00
Réforme ferroviaire - nomination des dirigeants de la sncf — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Bussereau :

Je voudrais tout d’abord m’adresser à M. le secrétaire d’État Frédéric Cuvillier, pour lequel j’ai beaucoup de sympathie car je connais la difficulté de sa tâche, et lui dire que j’ai apprécié qu’il soit soutenu par son Premier ministre à un moment difficile ; cela a dû lui donner un peu plus de coeur à l’ouvrage.

Mes collègues de la commission du développement durable – je siège pour ma part à la commission des lois – ont par ailleurs beaucoup apprécié le travail de Gilles Savary, que je tiens à remercier à nouveau pour le travail qu’il a fait au Parlement européen. J’ai en effet eu l’occasion, lorsque j’étais aux affaires, de pouvoir m’appuyer sur lui. Il oeuvrait alors avec d’autant plus de talent qu’il venait soutenir les positions d’un gouvernement que par ailleurs il ne soutenait pas, et ce, au nom de l’intérêt du pays.

J’en viens au coeur du sujet, en commençant par la grève qui navre les Français et qui s’accompagne d’un cortège de réactions brutales et de violences, comme ce fut le cas tout à l’heure autour du Palais Bourbon et sur les voies de la gare Montparnasse, ou encore avec ce train circulant entre Paris et Laon dont le système de freinage a été saboté. Cette grève, naturellement, pénalise les Français les plus modestes, car ceux qui disposent d’un chauffeur ou qui ont les moyens de circuler convenablement ne sont pas touchés. En général, la grève gêne ceux qui n’ont pas d’autres moyens de se déplacer que les transports publics – le TER, le Transilien –, et constitue un moment extrêmement difficile pour les plus modestes de notre société, ou pour les élèves, lycéens et étudiants.

Le président de la SNCF Guillaume Pepy a d’ores et déjà donné des éléments quant au coût de cette grève. J’espère que vous pourrez préciser au cours de la discussion de ce texte le coût estimé de cette grève, monsieur le secrétaire d’État, et la façon dont il sera supporté par la SNCF, dont la situation n’est pas si brillante. Les dividendes de la société, contrairement à ce que pense Olivier Faure, sont fort modestes et nul doute que, pour l’exercice en cours, le coût de cette grève les a déjà fortement entamés.

Monsieur le secrétaire d’État, j’espère qu’au cours de la discussion vous n’offrirez pas de cadeaux aux mauvais joueurs syndicaux. J’ai entendu parler d’un comité central unique, ce qui serait naturellement censuré par le Conseil constitutionnel du fait de la nature même de ce texte. J’espère que les concessions que vous avez dû habilement préparer – je fais confiance pour cela à votre sens politique – ne tendront pas à dénaturer un texte que nous aurions alors encore plus à coeur de combattre.

Cette réforme restera certainement dans les annales des universités politiques d’été – je pense à celle qui se tient dans mon beau département, à La Rochelle – ou des écoles de journalisme comme ce qu’un gouvernement ne devrait pas faire : le texte devait faire plaisir à la gauche de la gauche syndicale, et il l’a immédiatement mise dans la rue et sur les rails. C’est un cas politique intéressant.

J’ai vécu des grèves comme vous, douloureusement – ce sont des moments difficiles pour un ministre –, mais cela valait la peine, car il s’agissait de mettre en place le service minimum, une mesure importante et qui changeait la nature des choses. En l’occurrence, la grève actuelle a été déclenchée contre un texte qui aurait dû enthousiasmer M. Le Paon, le secrétaire général de la CGT. On a même vu ressortir M. Le Reste de sa retraite pour venir s’exprimer ce matin sur les ondes d’Europe 1. C’est un cas unique dans la vie publique : vous faites une réforme pour leur faire plaisir, ils se mettent en grève pour la combattre !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion