Intervention de Joe Kaeser

Réunion du 17 juin 2014 à 17h00
Commission des affaires économiques

Joe Kaeser, président-directeur général de Siemens AG :

Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je suis Joe Kaeser, l'un des 362 240 salariés de Siemens ; je suis fier de travailler pour ce groupe, comme, j'en suis sûr, nos collègues d'Alstom sont très fiers de leur entreprise.

Siemens est présent en France depuis plus de cent soixante ans ; nous y possédons sept sites industriels et dix centres de recherche et développement, pour un chiffre d'affaires de 3 milliards d'euros environ. Nous employons en France 7 000 salariés.

Notre offre, que nous avons présentée hier à Alstom, est meilleure que ses concurrentes. Nous sommes restés longtemps silencieux, car nous avons commencé par travailler dur afin de concevoir une proposition qui soit digne du fleuron industriel qu'est Alstom, et qui soit bonne pour les salariés d'Alstom et pour la France. Nous sommes heureux de vous présenter aujourd'hui l'aboutissement de nos efforts, menés avec Mitsubishi Heavy Industries.

Sur le plan financier et social, comme sur le plan de la stratégie industrielle, notre projet pour Alstom est meilleur que les autres projets présentés. En effet, il permet de conserver l'intégrité de l'entreprise – énergie, notamment énergies renouvelables, et transports. Certains ont prétendu que Siemens et Mitsubishi voulaient démanteler Alstom, et que nous ne raisonnions qu'à court terme. La réalité, c'est au contraire que nous présentons un projet industriel global, intéressant et fondé sur le long terme.

Nous proposons un partenariat entre Alstom, Siemens et Mitsubishi. Ainsi les activités « turbines à vapeur et nucléaire » seront confortées : nous sommes prêts à verser 2,3 milliards d'euros à Alstom pour 40 % de ses activités, ce qui lui permettra de renforcer sa branche « vapeur ». Le reste demeurera chez Alstom.

Quant aux activités dans le domaine de l'énergie hydraulique, nous prévoyons une alliance stratégique entre Mitsubishi et Alstom. Quant au domaine du transport, cette branche restera chez Alstom, mais renforcée : Siemens a déjà manifesté son intérêt, et, nous l'avons dit, la coopération dans ce domaine pourrait faire très vite l'objet de nouvelles négociations une fois cette opération close. Ainsi, à partir des activités de Siemens et d'Alstom, nous pourrions construire un champion européen, capable de conquérir de nouveaux marchés et de mener de grands projets. Siemens s'est également dit prêt à acheter les activités de construction de turbines à gaz d'Alstom, pour un prix de 3,9 milliards d'euros. Mitsubishi, après l'aboutissement de l'opération, apportera à Alstom ses technologies dans ce domaine.

Si vous envisagez ce projet dans son ensemble, vous verrez qu'Alstom en sort renforcé, grâce à un apport en numéraire de 7 milliards d'euros. En éliminant sa dette, en investissant, Alstom pourra assurer son avenir. Siemens et Alstom pourront privilégier les mobilités – et pas seulement les trains – pour créer un champion européen : ce ne sont pas les restructurations que nous recherchons, mais la croissance et l'innovation.

Voilà notre concept stratégique. Il tient la route, et il est orienté vers l'avenir. Il s'appuie sur un partenariat entre nos différentes entreprises. Nous ne voulons pas faire d'Alstom une petite entreprise à quelques milliards de chiffre d'affaires : si vous voulez son démantèlement, alors il faut vous tourner vers les autres offres, qui proposent 12 milliards pour les activités d'Alstom dans le domaine de l'énergie ! Si vous souhaitez qu'Alstom vive, si vous voulez sauvegarder et même développer l'emploi, alors il faut choisir un partenariat à long terme comme celui que Mitsubishi et Siemens vous proposent. Voilà nos engagements. Nos deux entreprises sont plus que séculaires. Elles ont noué de nombreux partenariats réussis. Nous avons un projet stratégique et industriel de long terme, et je peux vous promettre que ce projet a été bien pensé et que nous le mettrons en oeuvre.

Notre proposition est notamment meilleure sur le plan financier : nous estimons que la branche « énergie » vaut environ 14,2 milliards d'euros. Une autre offre l'évalue à 12,3 milliards. Mais nous ne voulons pas tout acheter : la moitié de ces 14,2 milliards sera injectée dans la société Alstom, pour investir, innover et assurer la pérennité à long terme de cette magnifique entreprise.

Nous pensons que ce projet peut réussir : Mitsubishi et Siemens ont réfléchi et sont prêts à agir avec constance et sur le long terme.

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