Intervention de Joe Kaeser

Réunion du 17 juin 2014 à 17h00
Commission des affaires économiques

Joe Kaeser, président-directeur général de Siemens AG :

Jusqu'au retrait de Siemens de la filière des réacteurs nucléaires, l'année dernière, notre partenariat avec AREVA avait été particulièrement fructueux et efficace. Nous restons aujourd'hui présents à ses côtés par exemple pour la fabrication des turbines à vapeur qui entrent dans la fabrication des centrales finlandaises.

Au-delà des mille emplois promis par Mitsubishi, nous avons annoncé ce matin notre souhait de créer mille places d'apprentis destinés aux jeunes français d'Alsace. Cette initiative est essentielle car l'apprentissage d'aujourd'hui est l'emploi de demain.

Monsieur Éric Straumann, les branches transports de Siemens et d'Alstom ne doivent pas être opposées. Parce que la mobilité constitue un enjeu capital partout dans le monde, il nous faut réfléchir à un avenir commun nous permettant de développer nos parts de marché à l'international en profitant de l'urbanisation galopante. La mobilité n'est pas synonyme de suppression d'emplois ni de lignes à grande vitesse. Elle correspond à une grande tendance universelle, l'urbanisation, qui doit nous pousser à innover et à développer nos activités. Songez que, même en France, entre l'aéroport et Paris, le trajet peut aujourd'hui durer trois heures alors qu'il ne devrait pas dépasser trente minutes ! Pour atteindre de tels objectifs, il faut pouvoir compter sur des champions.

Nous voulons tenir compte des préoccupations de nos collègues des branches transport de Siemens et d'Alstom. Nous avons aussi écouté le conseil d'administration d'Alstom qui souhaitait avoir des certitudes. Il nous semble cependant indispensable d'expliquer avant tout comment nous comptons mener à bien le projet sur le plan stratégique et industriel.

Monsieur Yannick Moreau, M. Arnaud Montebourg n'a pas soutenu Siemens ; il a souhaité qu'une alternative soit proposée à la cession et au démantèlement d'Alstom, et il a ensuite agi conformément à cette position. Je n'ai pas le sentiment qu'il ait favorisé qui que ce soit. Vous savez fort bien d'ailleurs que le ministre de l'économie, du redressement productif et du numérique défend ardemment les intérêts de la France et ceux d'Alstom.

Je ne suis pas certain qu'une campagne dans les médias soit utile pour vanter les qualités de Siemens et Mitsubishi, entreprises bien connues depuis respectivement cent soixante ans et cent trente ans. À une campagne de presse, nous préférons des rencontres avec les acteurs et les citoyens. Nous avons préféré venir vous présenter notre projet.

Notre offre est sérieuse ; elle nous engage. Nous disposons d'assez d'argent pour acheter Alstom ; mais l'argent n'est pas tout car certaines valeurs ne peuvent pas s'acheter. Le long terme, le partenariat et la pérennité ne se monnaient pas. Or ce sont précisément ces éléments qui sont au coeur de ce que nous souhaitons construire avec Alstom. Nos trois entreprises en tireront des bénéfices. Nous ne cherchons pas uniquement à distribuer des dividendes ; nous voulons préserver un fleuron industriel dont la France peut être fière.

Parmi les coopérations que j'évoquais, il faut évidemment citer le cas d'Airbus. ATOS constitue également une incontestable réussite en la matière. Depuis que Siemens a cédé sa branche informatique à ATOS origin, en 2011, nous sommes devenus son premier actionnaire. Nous n'avons laissé personne au bord du chemin, et nous procéderons de la même façon pour les services dans le secteur des turbines à gaz et à vapeur. Nous connaissons les métiers de chacun ; nous les respectons. Dans ces secteurs, grâce à l'intégration, nous créerons des synergies et de la valeur. Alstom ne perdra pas ses technologies parce que Mitsubishi lui apportera les siennes. Alstom sera au contraire en mesure de proposer une gamme complète de turbines. Siemens, apportera une plus-value à Alstom qui en tirera notamment un profit financier.

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