Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la présidente de la commission de la défense, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, je précise en préambule, que, membre de la commission du Livre blanc, je n'aborderai pas ce sujet, comme je m'y suis engagé pendant nos travaux. Patricia Adam l'a dit : la commission travaille beaucoup. Elle a d'ailleurs travaillé toute la journée d'aujourd'hui.
Il s'agit, monsieur le ministre, du premier budget que vous avez à défendre devant la représentation nationale, et par là même, de celui du chef de l'État.
Lors de votre audition par la commission de la défense nationale, le 2 octobre dernier, vous avez dit : « La défense française ne doit pas devenir une défense d'échantillons. » Vous avez également écrit que le budget 2013 est un budget de transition dans l'attente du Livre blanc et, surtout, de la nouvelle loi de programmation militaire.
La défense nationale est un atout majeur pour la sécurité des Français et l'influence de la France sur la scène internationale.
Ces dernières années, nous avons engagé une grande réforme de notre défense et nous avons renforcé nos alliances, notamment avec la signature d'un accord de défense avec l'Angleterre. En 2008 le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale a permis d'adapter notre stratégie aux nouvelles menaces et de moderniser nos forces à hauteur d'un effort de 2 % du PIB. Le budget 2011-2013 prévoyait une hausse de 3 % sur 3 ans. Cette continuité et cette cohérence ont donné à la France une forte crédibilité vis-à-vis de ses partenaires.
Monsieur le ministre, je voudrais que vous me confirmiez l'attachement du Gouvernement aux deux composantes de la dissuasion nucléaire : d'un côté, la composante océanique qui vient d'être remise entièrement à neuf avec la mise en service de quatre sous-marins nucléaires lanceurs, de type Barracuda, et non de trois, comme certains extravagants le proposaient, ce système d'armes représentant 90 % du nombre de têtes nucléaires de nos forces de dissuasion ; de l'autre, la composante de l'armée de l'air.
La France a réintégré le commandement intégré de l'OTAN afin de renforcer son influence et la protection des Français.
La France s'est placée aux avant-postes des initiatives d'intervention européennes, qu'il s'agisse du règlement du conflit en Géorgie ou de la lutte contre la piraterie maritime. Ce fut également le cas en Libye, dans le cadre d'un mandat international, contre un dictateur qui promettait d'exterminer une partie de sa population, tandis que l'opération en Côte d'Ivoire était une action de protection des Français qui se trouvaient en danger dans ce pays à la situation politique instable.
Le précédent président de la République a permis l'adoption du « paquet défense », lequel correspond à deux directives européennes qui encadrent les activités liés aux biens de défense au sein de l'Union européenne.
Un effort d'équipement et de soutien à l'industrie a été déployé, avec un investissement de 14 milliards d'euros par an au profit de l'industrie d'armement.
Le ministère de la défense a joué son rôle de premier investisseur de l'État, de premier employeur et de premier acteur de l'innovation, dans un secteur de haute technologie à forte valeur ajoutée. La France, à la différence de nombreux pays européens, n'a pas utilisé la défense comme variable d'ajustement, alors que ses finances publiques souffraient des conséquences de la crise. Alors, monsieur le ministre, ne le faites pas dans vos prochains budgets. Il nous faut maintenir une défense nationale au service de nos valeurs et de la défense des Français. Être une grande nation a un prix, celui d'être présent quand la paix du monde est menacée, comme en Afghanistan. La défense ne peut faire l'objet d'un simple budget de transition. Les enjeux sont trop importants pour la sécurité de notre pays, de nos concitoyens et pour l'équilibre de la paix, si fragile dans un monde en mutation constante. Voyez cette évolution géopolitique récente, qu'aucun Livre blanc n'avait prévue, avec le printemps arabe et la crise en Syrie.
Les menaces ont changé. Le Sahel est en ébullition, avec des groupes terroristes qui s'attaquent à nos ressortissants et qui s'emparent des institutions des pays d'Afrique pour y appliquer leur propre loi. Des cyber-attaques se déroulent chaque jour. Le monde change, les menaces aussi. Un engagement au Mali se murmure.
Dans un futur proche, n'oublions pas de garantir simplement à nos soldats les moyens nécessaires en termes de transports, d'armement, de communication, d'écoute et de renseignement.
À chacun de mes déplacements en France ou à l'étranger auprès de nos forces, j'ai pu mesurer combien nos soldats sont fiers de leur engagement, conscients de leur mission et du sacrifice qui peut être le leur pour notre sécurité. Je n'oublie pas non plus le personnel civil de la défense et tous ceux qui sont au plus près de cet esprit de défense, comme l'Institut des hautes études de défense nationale, qui vit sa soixante-cinquième session ; j'en salue, ce soir, les représentants ici présents, plus particulièrement le comité 4 et le responsable Philippe Kunter.
Ne les décevons pas. Ces hommes et ces femmes de la communauté de défense ont besoin de savoir que la nation les soutient dans leur mission ; tel est le sens de mon intervention. Qu'ils sachent que nous poursuivrons les efforts pour leur garantir les meilleurs choix possibles.
Monsieur le ministre, ce n'est pas parce que je suis né le 18 juin, que je dois être gaulliste. Je suis gaulliste par conviction, parce que, comme le Général, je me fais « une certaine idée de la France ».
Parce que, je considère que ce budget a minima n'est pas à la hauteur de nos ambitions et ne peut garantir la place de la France en matière de défense sur la scène internationale, c'est avec regret, monsieur le ministre, que je vous indique que je ne pourrai pas voter votre budget. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)