Intervention de François André

Séance en hémicycle du 7 novembre 2012 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2013 — Défense

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois André :

Votre ministère participe à l'effort d'économie demandé à tous : ni plus ni moins, comme vous l'avez dit.

Ce budget d'attente nous invite néanmoins à réfléchir aux grands enjeux des prochaines années et je souhaite m'attarder sur un point qui me semble essentiel pour l'avenir, à savoir la « maritimisation » du monde, enjeu judicieusement mis en évidence par notre rapporteur pour avis Gilbert Le Bris et par notre collègue Gwendal Rouillard.

La France est à la tête du deuxième domaine maritime mondial, soit 11 millions de kilomètres carrés. Présente dans tous les océans, grâce en particulier à nos territoires d'outre-mer, elle a un besoin impérieux de préserver l'ensemble des voies de communication, à commencer par les voies maritimes.

L'accroissement de leur utilisation pour les échanges de marchandises est considérable : ainsi, le flux de cargaisons, déjà quintuplé depuis trente ans, est amené à doubler dans les vingt prochaines années. Ce développement a entraîné la progression importante des actes de piraterie ou encore la prolifération des mines, phénomènes exacerbés par l'existence de zones de non-droit dans les territoires bordant certaines voies de passage.

Par ailleurs, les progrès techniques et scientifiques permettent d'envisager l'extraction en mer de nouvelles ressources, qu'elles soient halieutiques, énergétiques ou minérales.

Enfin, la présence de plus en plus prégnante des puissances émergentes sur les océans, et en particulier en Asie du sud-est, crée parfois des tensions. Elle conduit également à s'interroger sur le maintien des zones de souveraineté et sur la capacité des forces internationales à préserver la libre circulation en mer.

Autant d'alertes, mes chers collègues, qui exigent dans ces vastes zones la présence de forces armées, réactives et opérationnelles, capable de surveiller, de détecter, de protéger et, si nécessaire, d'intervenir.

Malgré la grande qualité de nos armées, le budget, contraint par la conjoncture ne permet pas de multiplier à l'infini les ambitions. La sauvegarde de notre rang sur les plans stratégique et militaire passe sans aucun doute par le développement de nos coopérations navales.

Tout nous y invite : la contrainte budgétaire, bien sûr, mais aussi l'émergence de zones entières au sein de la nouvelle économie monde. La réorientation stratégique des États-Unis vers l'Asie ne fait que mettre en relief les difficultés de voir émerger une véritable politique européenne de défense.

Si des expériences existent au niveau européen, la coopération est aujourd'hui principalement le fait de l'OTAN. Existent également certains accords bilatéraux, à l'image de celui récemment conclu avec le Royaume-Uni, brillamment mis en oeuvre voici quelques jours entre Toulon et la Corse et qui laisse augurer l'émergence d'une force d'intervention commune de qualité.

Les nouveaux enjeux de la maritimisation du monde et de la coopération internationale qui en découle conduisent à un renouveau de notre marine : plusieurs plans nous engagent sur du long terme, jusqu'à plusieurs décennies. Sur le site DCNS de Lorient, nous avons pu récemment mesurer avec vous, monsieur le ministre, l'étendue capacitaire des nouvelles frégates européennes multimissions, dont le programme de construction va se poursuivre sur plusieurs années.

Nous sommes également attentifs, comme vous, à la mise en oeuvre, dans les meilleurs délais, du programme Barracuda, ainsi que des programmes de surveillance Batismar et Avismar. Le Livre blanc et la loi de programmation militaire à venir devront respecter un subtil équilibre entre le réalisme budgétaire et des ambitions redéfinies à l'aune des enjeux nouveaux.

Enfin, au regard de l'obligation prégnante de remettre de l'ordre dans nos finances, il nous faut prendre en compte les besoins des personnels civils et militaires de nos armées, rendre leur travail le plus aisé possible, et surtout – car c'est leur attente et ils nous le disent lorsque nous parlons avec eux –, veiller à l'adéquation entre les moyens octroyés et les missions dévolues.

Chers collègues, l'art de gouverner consiste à rendre possible ce qui souhaitable. Ce budget 2013 de la défense et des forces armées y contribue utilement. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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