Intervention de Marie Récalde

Séance en hémicycle du 7 novembre 2012 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2013 — Défense

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie Récalde :

Monsieur le président, mes chers collègues, ce budget 2013 est un budget d'équilibre et de sagesse. Je salue les positions courageuses défendues par notre ministre de la défense, qui a su préserver l'essentiel dans une période de crise et de restrictions budgétaires où la défense paie, elle aussi, son tribut.

La défense est l'un des éléments qui fondent l'autorité et la crédibilité de la France sur la scène internationale, et en son sein la dissuasion nucléaire demeure le pilier indispensable qui garantit notre souveraineté et préserve la paix. Elle est à la fois la garantie ultime de notre sécurité, de notre indépendance, et une condition nécessaire de notre autonomie stratégique.

Vous l'avez dit, monsieur le ministre, la dissuasion garantit à la France le poids politique nécessaire « pour parler comme elle doit parler sur la scène internationale », et nous nous félicitons, avec l'ensemble des collègues du groupe SRC, que le Président de la République se soit engagé, dès la campagne présidentielle, puis au mois de juin, en marge du sommet de Rio, à maintenir ses deux composantes, sous-marine et aéroportée.

Cet engagement se traduit aujourd'hui par un effort budgétaire de plus de 4 milliards d'euros d'autorisations d'engagement et de 3,3 milliards d'euros de crédits de paiement.

À l'heure où de nombreuses nations s'engagent dans des programmes nucléaires, sur la base de doctrines peu ou mal connues, ce serait une erreur stratégique de renoncer à la nôtre. Car les dangers qui pèsent sur la sécurité nationale ne manquent pas.

Des crises sévissent partout dans le monde, et des forces d'interposition peuvent toujours être indispensables pour protéger les populations civiles et rétablir la paix.

La France et ses forces armées doivent être prêtes en permanence.

La doctrine française en matière de dissuasion est raisonnable : nous faisons le choix de maintenir nos efforts à niveau constant, et les investissements réalisés obéissent au principe de la stricte suffisance.

Au-delà des discours récurrents demandant un renoncement pur et simple à toute notre doctrine, d'aucuns suggèrent que l'on renonce à la modernisation de la composante aéroportée de la dissuasion, ce qui reviendrait en substance à l'abandonner. Ce serait une lourde erreur. La double composante de la dissuasion est indispensable et répond à des impératifs opérationnels. Cette double opérationnalité offre au Président de la République une souplesse et une réversibilité précieuses à l'instant d'une crise majeure.

Comme l'a souligné le rapporteur, ce budget 2013 confirme la sanctuarisation de la dissuasion en reconnaissant ses deux composantes comme indissociables.

Les engagements budgétaires d'aujourd'hui traduisent une volonté de modernisation de nos équipements.

Nous maintenons l'effort d'adaptation de nos équipements aéronavals avec, par exemple, la poursuite des dotations en missiles M51 ou l'arrivée de la nouvelle ogive TNO, plus performante, qui doit remplacer les ogives actuelles TN 75 à partir de 2015.

Nous poursuivons le remplacement progressif des missiles ASMP par des missiles ASMP-A dans la composante aéroportée.

La permanence de cette dernière exige de disposer d'une capacité de ravitaillement en vol pour nos appareils. L'âge avancé de notre flotte de ravitailleurs divisait notre capacité opérationnelle par deux. Nous engageons aujourd'hui les crédits nécessaires à la commande en 2013 de quatorze appareils multirôles MRTT, renforçant ainsi la crédibilité de notre force de dissuasion. Ces appareils sont de fabrication française, et cette technologie fait aujourd'hui l'objet de contrats avec des pays tiers alliés, qui pèsent lourd dans notre balance commerciale.

Au-delà des questions stratégiques fondamentales, nous voulons aussi répondre aux raisonnements simplifiés qui conduisent à penser que toute baisse des dépenses ou toute suppression pure et simple de crédits seraient une source d'économies. Ce seraient d'abord des économies bien minces, tant nos investissements portent essentiellement sur la modernisation et la maintenance. Ce serait surtout faire bien peu de cas de pans entiers de l'économie nationale qui reposent sur nos stratégies de défense. Parce que la dissuasion relève de notre souveraineté, son économie est tournée vers le tissu industriel et technologique français.

Car nous parlons, mes chers collègues, de recherche et développement : parmi les 750 millions d'euros dédiés cette année aux études amont dans le programme 144, plus de 250 millions sont consacrés à la dissuasion. Et ces crédits vont croître au cours des prochaines années.

Nous parlons de technologies de pointe et de milliers d'emplois directs et indirects dans les grandes entreprises aéronautiques, mais aussi dans le tissu local des nombreuses PME qui remplissent leurs carnets de commande grâce aux contrats de sous-traitance et aux partenariats.

En fin de compte, nous parlons d'excellence technologique et industrielle de la France. Nous parlons d'un savoir-faire reconnu sur la scène internationale. Nous parlons d'entreprises qui font notre compétitivité ainsi que la croissance et la richesse de notre pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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