Intervention de Christophe Léonard

Séance en hémicycle du 7 novembre 2012 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2013 — Défense

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Léonard :

D'une part, ce budget répond aux nécessités fondamentales de maintien du niveau opérationnel des forces et de maîtrise de la dépense publique. D'autre part, il stabilise les dépenses militaires françaises à hauteur de 2 % du produit intérieur brut. Ce budget est un budget de combat, de résistance et de transition, quand d'aucuns pourraient être tentés de supprimer nos forces armées qui seraient désormais inutiles, arguant de la crise et du fait qu'aujourd'hui les conflits se sont déplacés sur le terrain de la seule guerre économique.

Si tel était le cas, que deviendrait, dans un monde où les enjeux géopolitiques ont muté avec la chute du mur de Berlin, les attaques du 11 septembre 2001 et les printemps révolutionnaires arabes, la capacité de conviction de la diplomatie française ? Sans capacité militaire, qui entendrait demain la voix de la France au sein du Conseil permanent des Nations unies ?

Force est de constater, bien au contraire, que les grandes nations, actrices incontournables de l'économie mondiale, continuent aujourd'hui à investir dans leurs capacités de défense. Les États-Unis, la Chine et bien d'autres encore consacrent aux dépenses militaires un montant de leur PIB bien supérieur au nôtre. La recherche militaire, par les innovations qu'elle est susceptible d'apporter dans ses applications civiles, est par ailleurs un puissant levier de développement, de croissance économique et donc d'emploi.

Oui, la France doit assumer son rang, son histoire et ses responsabilités vis-à-vis de ceux qui comptent sur elle ! Une observation pragmatique de notre environnement démontre que préserver notre force militaire participe des valeurs humanistes de la France au service de la paix et de la défense du modèle social français.

En fin de compte, la question centrale qui nous est posée est donc de savoir comment renforcer notre capacité militaire dans un contexte budgétaire national restreint et fortement dégradé. À ce titre, une réflexion doit s'engager sur la nature des équipements dont nous souhaitons doter nos forces armées, sur les conditions de leur entretien, sur nos capacités de mobilisation et de projection opérationnelles comme sur notre force de dissuasion nucléaire, mais aussi sur le dimensionnement de notre outil militaro-industriel. Tels sont les enjeux du Livre blanc et de la future loi de programmation 2014-2019.

Répondre à la question de la préservation de notre capacité militaire, c'est aussi se poser, me semble-t-il, la question de l'Europe de la défense. Nicolas Sarkozy l'avait présentée comme sa priorité, voire comme une contrepartie non négociable du retour de la France au sein du commandement intégré de l'OTAN. Cette promesse n'a pas été tenue.

Dès lors, monsieur le ministre, ne pensez-vous pas qu'il est souhaitable et nécessaire de prendre appui sur le constat de crise budgétaire des États membres de l'Union européenne pour que la France, sous votre impulsion et celle du Président de la République, au regard de la légitimité historique qui est la nôtre en ce domaine, lance sans tarder des initiatives fortes pour proposer des mutualisations et des coopérations renforcées à l'échelle européenne en matière de défense ? Je vous sais sensible, monsieur le ministre, à cette ambition nouvelle. À défaut, nos capacités militaires comme notre souveraineté courent le risque d'un déclassement certain et inexorable. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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