Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, au moment de prendre la parole, je tiens, avant toute chose, à saluer la qualité des interventions que j'ai entendues. Je veux en particulier rendre hommage au travail des rapporteurs. Ils ont fait une lecture attentive, exigeante et constructive à la fois du budget qui est examiné ce soir.
D'une façon générale, je me félicite de la qualité du dialogue que le ministère de la défense entretient avec la représentation nationale, dans toutes ses composantes. J'y vois un signe de plus de la place singulière qu'occupent les armées au sein de la nation.
Le budget que vous examinez ce soir est bien plus qu'un budget. C'est le coeur battant d'une institution qui est forte de 260 000 hommes et femmes, militaires et civils, engagés au service du pays, pour la défense de ses intérêts vitaux.
Le budget de la défense, c'est aussi près de 16 milliards d'euros d'investissements qui vont irriguer nos territoires et contribuer ainsi directement à l'emploi et à la santé de nos entreprises. Je rappelle que les industries de défense emploient 180 000 actifs. Au lendemain de la présentation du rapport Gallois, je tiens à souligner que le ministère de la défense est le premier investisseur de l'État. Il a donc tout son rôle à jouer dans le redressement productif engagé par le Gouvernement.
En présentant au Parlement le budget de la mission « Défense » pour 2013, je pense donc aux hommes et aux femmes de la défense, et à toutes celles et ceux qui bénéficient, par un emploi, ou au-delà par la protection qui leur est assurée, de nos capacités de défense. Je ne pense pas exagérer en disant que la communauté de défense rassemble ainsi l'ensemble de nos concitoyens. Comme la présidente de la commission, Mme Patricia Adam, l'a rappelé, c'est aussi le sens de l'attention toute particulière que nous devons porter au lien armée-nation, à ce lien vivant qui unit nos armées au reste de la société, et qui est particulièrement précieux pour notre pays.
Avant d'en venir à ce budget, permettez-moi d'abord de vous rappeler de quelle situation nous sommes partis.
L'actuelle loi de programmation prévoyait pour 2009-2012 une ressource cumulée de 128,8 milliards d'euros hors pensions. De manière très ambitieuse, le Livre blanc de 2008 avait conçu une trajectoire financière conservant les ressources, inflation comprise, puis à partir de 2012 une hausse de 1 % supplémentaire chaque année, ce qui devait correspondre à un montant de 33,2 milliards d'euros pour 2013.
Ce n'est pas ce que nous constatons dans la réalité. Les ressources effectives se sont progressivement écartées de la trajectoire initialement prévue. En définitive, la mission « Défense » a bénéficié de 125,8 milliards d'euros. À la fin de cette année, ce sont donc près de 3 milliards d'euros qui auront manqué, au total, pour financer les besoins de la défense. Ce manque de ressources est corroboré par les travaux de la Cour des comptes. Son évaluation des ressources manquantes est en effet de 4,1 milliards en incluant l'année 2013.
L'équipe précédente n'a donc pas réussi à être au rendez-vous de la programmation qu'elle avait elle-même décidée. Mais je n'en fais pas un instrument de polémique. Je m'en tiens au constat. (Murmures sur les bancs du groupe UMP.) Je n'en fais pas un instrument de polémique car il y a probablement des raisons à cette évolution. De plus, il y a des précédents en matière de lois de programmation, toutes initiatives politiques qui finissaient par demander des rattrapages impossibles.
Je n'en fais pas un instrument de polémique, mais je ne voudrais pas que d'autres en fassent un instrument de polémique. J'ai entendu dans la bouche de certains intervenants des propos que je qualifierai d'intempestifs. Je leur rappelle que je dispose, en soute, de munitions de différents calibres (Sourires), que je ne voudrais pas devoir activer. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)