Intervention de Jean-Yves Caullet

Réunion du 18 juin 2014 à 9h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Yves Caullet :

Votre exposé tonique a montré qu'une entreprise de service public peut faire face à la concurrence par sa performance, ce qui mérite d'être rappelé. (Sourires)

La conduite du changement et de l'adaptation, comme le dialogue social, restent des enjeux forts pour la RATP, qui a su adapter son organisation managériale et responsabiliser chacun des échelons de sa chaîne hiérarchique. Entre le top management et les encadrants intermédiaires, il existe en son sein une continuité de ce point de vue. Comment, grâce sans doute à des formations et à une volonté constante, réussissez-vous à maintenir cette exigence, alors que dans bien des secteurs, privés comme publics, on a l'impression d'une déconnexion entre le top management et ceux qui font, ce qui engendre des conflits ?

L'extension et l'intensification de la performance qui vous demandée vont croissantes : ne craignez-vous pas que la RATP ne soit victime de son succès, laissant croire aux aménageurs qu'elle suivra de toute façon ? On le dit de tous les transporteurs publics : ils finiront bien par faire circuler des trains à trois étages, à faire rouler des TGV à plus de 600 kilomètresheure, à empiler toujours plus les voyageurs, à réduire les intervalles entre deux rames de métro à 30 secondes, etc. Or il existe une limite physique à ces contraintes : à quel moment le transporteur public que vous êtes prend la main pour dire que la condition de l'aménagement réussi sera dans sa capacité à assurer le lien, et donc à devenir un commanditaire de l'aménagement, et non plus un exécutant de décisions prises par ailleurs, ce qui a été le cas pendant des décennies ? À ce titre, l'heure de pointe a une fin : elle génère une angoisse quotidienne qui est pour l'instant atténuée par la recherche de la performance, mais il ne faudrait pas qu'au motif de cette dernière on veuille en rajouter en permanence.

Je voulais savoir si vous aviez mené des études sur les places vides, et si cette démarche ne vous avait pas conduit à proposer à des entreprises des plans de transport comprenant des décalages d'horaires, de façon à ce que cette pointe soit, dans l'intérêt de tous, décalée. J'ai posé la même question au président de la SNCF Guillaume Pepy, qui nous a indiqué que le simple décalage d'une heure apporterait au réseau un confort considérable.

L'originalité du réseau de la RATP reste son intégration de différents modes de transport. Dans le cadre de l'ouverture à la concurrence, considérez-vous cette intégration comme un atout, ce qui est mon cas, ou comme un handicap ? En tout état de cause, comment articulez-vous l'intégration de différents réseaux et demain la multiplicité des opérateurs de transport, sachant que le voyageur, lui, ne verra rien de cette évolution et souhaitera toujours qu'on le mène d'un point A à un point B.

Vous avez parlé d'environnement, et nous connaissons les efforts qui sont faits en matière de transports routiers, notamment dans le domaine de la qualité de l'air, mais pour ce qui concerne la RATP où en est-on de l'énergie grise, du recyclage des matériaux modernes et de l'optimisation de l'entretien ? Nous connaissons tous dans nos transports quotidiens des sièges très confortables, dont on se dit qu'ils doivent se révéler extrêmement salissants et difficiles d'entretien. Comment sont pris en compte ces coûts induits au moment des choix ? Intégrez-vous l'économie circulaire dans vos préoccupations ?

Enfin, une dernière question qui fait référence à mon expérience dans votre belle entreprise : il fut un temps où l'identification des agents de la RATP, sur l'ensemble des lignes d'Île-de-France, était un facteur d'insécurité. Cette tendance s'est-elle aujourd'hui inversée ? La population, qui se retournait parfois contre ces agents comme symbole d'une autorité contestée, a-t-elle évolué sur ce point ? Comment avez-vous intégré cette donnée dans votre politique de recrutement et dans votre action sociale, pour que l'image de la Régie coïncide progressivement avec celle d'un partenaire, d'ailleurs éventuellement pourvoyeur de débouchés professionnels, et non plus d'une institution ?

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