Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 3 juin 2014 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Je vous remercie d'avoir accepté notre invitation, monsieur l'ambassadeur. Vous êtes depuis octobre dernier en poste à Moscou. Votre audition arrive à point nommé au regard de l'actualité : crise en Ukraine ; élection de M. Porochenko à la tête du pays ; déplacement du président Poutine en France à l'occasion du soixante-dixième anniversaire du débarquement.

Notre commission suit de près les événements en Ukraine. Depuis le début de la crise, nous avons rencontré régulièrement Laurent Fabius, auditionné sur cette seule question M. Jacques Audibert, directeur général des affaires politiques et de sécurité du Quai d'Orsay, et organisé une table ronde avec M. Gratchev, ancien porte-parole de M. Gorbatchev, et M. Gordadzé, ancien ministre de l'intégration européenne et euro-atlantique de Géorgie. Je me suis moi-même rendue deux fois à Kiev depuis le mois de février – la seconde fois en compagnie de mes homologues allemand et polonais.

Quelle est, monsieur l'ambassadeur, votre analyse de la situation en Ukraine depuis l'élection présidentielle ? La Russie souffle le chaud et le froid. Elle semble néanmoins jouer l'apaisement depuis quelques jours : elle retire les troupes qu'elle avait massées à la frontière ukrainienne, et Gazprom a reporté d'une semaine l'échéance de l'ultimatum lancé au gouvernement ukrainien pour le paiement de sa dette gazière. Cependant, la situation à l'est de l'Ukraine s'apparente de plus en plus à une guerre civile. La Russie peut-elle, selon vous, jouer un rôle positif à court terme ? Nous avons au contraire l'impression qu'elle intensifie son aide aux séparatistes en matériel et en hommes. L'élection de M. Porochenko va-t-elle améliorer le dialogue russo-ukrainien ? En particulier, un accord peut-il être trouvé sur le gaz ?

Plus généralement, quels sont les objectifs de la Russie, à supposer qu'ils soient clairs ? Dans la politique russe de ces derniers mois, quelle est la part de l'improvisation et quelle est celle du calcul ? Quelle est l'importance relative des préoccupations internes, notamment en termes de popularité, et de la vision géostratégique ? À cet égard, que pensez-vous de la signature en grande pompe de l'accord portant création de l'Union économique eurasiatique avec le Kazakhstan et la Biélorussie ? Les télévisions russes diffusent de la propagande, y compris en Ukraine.

De manière plus prospective, à quelles conditions la Russie et l'Union européenne pourraient-elles arriver à une relation pacifiée, si tant est que cela soit possible ? En particulier, comment parvenir à renouveler l'accord de partenariat UE-Russie, qui a expiré depuis sept ans ? Quels seraient les avantages, mais aussi les limites d'une relance du dialogue politique entre la Russie et les quelques grands pays européens qui sont attachés à conserver des relations amicales, bien qu'exigeantes, avec elle ? Je pense à la France, à l'Allemagne, voire à la Pologne, ces trois pays ayant joué, en février dernier, un rôle majeur dans l'arrêt des violences à Kiev et dans la résolution de la première phase de la crise ukrainienne.

Enfin, quel est l'impact de la crise ukrainienne sur les relations franco-russes ? La coopération bilatérale a été suspendue en matière de défense, mais qu'en est-il dans les autres domaines ? Quel est l'état d'esprit des investisseurs français en Russie ?

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