Intervention de Jean-Yves le Drian

Séance en hémicycle du 7 novembre 2012 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2013 — État b, amendement 244

Jean-Yves le Drian, ministre de la défense :

Je veux rappeler un certain nombre de faits, que vous semblez ignorer. Aucun État doté de l'arme nucléaire n'a fait autant que la France pour le désarmement nucléaire.

La France a arrêté la production de matières fissiles pour les armes nucléaires et a démantelé ses usines.

La France a cessé tous les essais nucléaires et démantelé les sites d'essais.

La France a signé le traité sur la non-prolifération, le traité d'interdiction complète des essais nucléaires, mais aussi la convention sur les armes à sous-munitions, la convention sur l'interdiction des armes chimiques, et la convention sur l'interdiction des mines antipersonnel.

La France a supprimé complètement la composante terrestre et réduit d'un tiers la composante aérienne.

La France applique un principe historique repris par l'ensemble des présidents de la République successifs : celui de la stricte suffisance. Elle maintient son arsenal au plus bas niveau possible compatible avec le contexte stratégique.

La France ne dispose que d'armes stratégiques et elle ne possède pas d'armes tactiques, lesquelles n'ont pas de place dans sa doctrine.

La France soutient activement aux Nations unies la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles pour les armes.

Telle est l'action de la France en termes de désarmement nucléaire. Que font les autres et en particulier ceux qui protestent, devrions-nous dire ? La France agit, pour sa part, de manière concrète, responsable et irréversible. Nous constatons que la plupart des États disposant de l'arme nucléaire développent, pour leur part, leur programme nucléaire. Vous avez fait allusion au discours de Prague. Or le mouvement de désarmement américano-russe a montré ses limites. La diminution du nombre d'armes déployées est, en effet, très faible et il en existe un stock considérable. Pendant ce temps, les États proliférants, en particulier l'Iran et la Corée du Sud, indifférents aux efforts de réduction de la France et de certains de ses alliés, poursuivent leurs actions déstabilisatrices.

C'est la raison pour laquelle le Président de la République a réaffirmé clairement nos choix en faveur de la dissuasion et de sa consolidation dans la configuration et le périmètre que je viens de vous indiquer. La dissuasion est dédiée à la défense de nos intérêts vitaux. Elle sanctuarise notre territoire. Elle est l'« arme » qui garantit l'autonomie de nos choix. Il importe, par conséquent, de la garder telle qu'elle est et de la moderniser lorsque cela devient nécessaire. Le Gouvernement est donc très défavorable à cet amendement. (Applaudissements sur de nombreux bancs.)

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion