Intervention de Laurent Tintignac

Réunion du 24 octobre 2012 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Laurent Tintignac, secrétaire national « Ouvriers de l'état » de l'UNSA, Union nationale des syndicats autonomes Défense :

Le ministère de la défense étant le premier investisseur public, le débat sur les externalisations le traverse depuis longtemps. Ces sujets sont très sensibles pour les organisations syndicales.

On peut en effet distinguer, monsieur Nauche, les externalisations qui relèvent du soutien commun et celles qui relèvent du soutien opérationnel.

En matière de soutien commun, les projets sont toujours présentés au moment de l'appel d'offres de façon tronquée et très favorable, comme s'ils tombaient sous le sens. De plus, une fois l'externalisation opérée, les retours d'expérience et les bilans sont quasi inexistants. Cela ne peut qu'engendrer un soupçon : si le bilan était bon, sans doute nous le présenterait-on ! Au-delà des coûts, les prestations ne sont pas toujours au niveau de ce que le ministère ou les établissements sont en droit d'attendre. Enfin, les prestataires ne travaillent pas du tout dans le même état d'esprit que lorsque les tâches sont accomplies en régie interne.

En matière de soutien opérationnel, qui est un peu le « coeur de métier », on voit des missions importantes telles que l'entretien des matériels terrestres et aéronautiques faire l'objet de larges mesures d'externalisation, présentées en outre comme indispensables. Or le retour d'expérience – je suis moi-même employé dans un établissement à vocation aéronautique – montre que ces mesures sont loin de répondre aux objectifs opérationnels définis au départ, que ce soit en termes de coûts ou en termes de délais. Au final, la facture est bien plus lourde pour le ministère de la défense.

Dans l'industrie privée à laquelle on confie certains travaux externalisés, la part des matériels de défense est tellement infime par rapport à celle des matériels civils que la priorité n'est jamais donnée à la défense. Lorsqu'Airbus fabrique 650 moteurs d'avions civils, il fabrique dans le même temps 11 moteurs de Rafale.

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