Les organisations syndicales tiendraient des propos « durs » à l'égard du Gouvernement et de la majorité présidentiels, ai-je pu entendre. Au-delà de la liberté d'expression de chacune des organisations syndicales, les représentants des personnels se font l'écho de l'ambiance qui existe réellement dans la communauté civile du ministère de la défense. Dans les établissements, une large majorité de personnes vous diront qu'elles n'ont pas perçu de changement depuis le 6 mai.
Ce projet de loi de finances apparaît donc comme une confirmation. Nous considérons que, dans la plupart de ses aspects, il en rajoute encore alors que les personnels du ministère de la défense connaissance des restructurations successives depuis plus de quarante ans, période durant laquelle les effectifs des personnels civils ont été divisés par deux.
Pour ce qui est des mesures d'économies, la CGT a beaucoup de propositions. La part du nucléaire, par exemple, s'élève à 3 milliards d'euros. Alors que ce point mériterait d'être discuté dans le cadre du projet de loi de finances, on a là affaire à un « sanctuaire » dont on ne parle jamais !
Nous ne sommes pas forcément favorables à une augmentation du budget de la défense. En revanche, il y a certainement moyen de réorienter, dans un débat public et citoyen, les sommes considérables qui sont englouties dans l'arme de destruction massive dont dispose notre pays.
Les projets industriels constituent une autre piste. La CGT y voit des sources d'économies substantielles. Nous avons déjà évoqué la situation de SNPE-Eurinco et de DCNS. Il faut aussi parler de celle de Nexter.
Nous avons lu attentivement les propos tenus par les chefs d'état-major lorsque vous les avez entendus en juillet dernier et nous partageons un grand nombre des inquiétudes qu'ils ont formulées, en particulier en matière de vieillissement des équipements. Il faut que l'État stratège ait un projet industriel pour son ministère de la défense et pour l'ensemble des industries nationales d'armement. Il doit aussi reconnaître que les armes ne sont pas une marchandise comme les autres et qu'en conséquence les industries d'armement ne peuvent être considérées comme d'autres industries : si on ne les extrait pas des fourches caudines du capital, on contribue à la prolifération des armes sur la planète et à toutes sortes d'autres dangers.
Nos forces armées ont des besoins réels en équipements nouveaux. Nous avons beaucoup de propositions à ce sujet. Nous demandons au ministre de la défense l'ouverture d'une table ronde ouverte à tous les acteurs sur différents projets industriels qui touchent à la souveraineté et à l'indépendance de notre pays. L'accord entre DCNS et Atlas Elektronik pour la fabrication de torpilles prélude peut-être à la création d'un EADS naval. Or le précédent aéronautique s'est révélé coûteux pour les États concernés et n'a pas été une grande réussite sociale !
Bref, nous souhaitons que la discussion porte sur les sujets de fond qui intéressent les salariés du ministère de la défense et, plus largement, l'ensemble de la population. Lors de sa prise de fonctions, le nouveau ministre de la défense a exprimé son souhait de renforcer le lien armée-nation. Nous le prenons au mot, en demandant que la représentation nationale soit associée à cet effort, dans le respect des organisations syndicales.