Les bases de défenses constituent-elles une aberration ? Je ne le sais pas, et je ne crois pas, du reste, qu'il nous appartienne de dire aux armées comment elles doivent s'organiser.
À l'origine, la RGPP pouvait se fonder sur trois scénarios possibles : un à 20 000 suppressions d'emplois, un à 54 000, un dernier à 96 000. L'objectif comptable a été fixé, puis, comme on était incapable de savoir comment organiser les soutiens avec une telle réduction d'effectif, on a inventé le concept de base de défense.
Un retour en arrière est-il possible ? À en croire de nombreux responsables d'état-major, ce serait certainement difficile. Cela dit, les bases de défense ont bafoué un principe qui faisait la force du ministère de la défense : qui commande paie, et qui paie commande.
Pour ce qui nous concerne, cela a provoqué des difficultés insurmontables en matière de dialogue social. Les personnels civils et militaires ont beaucoup de mal à identifier leurs chefs et à discerner qui fait quoi dans l'architecture des bases de défense. Aujourd'hui, celui qui commande n'est plus celui qui paie, et inversement. Une réflexion sur le sujet doit s'ouvrir !
S'agissant des économies possibles, faut-il persister dans une vision très « ancien régime » du ministère de la défense ? À quoi servent aujourd'hui, par exemple, les gouverneurs militaires, et combien coûtent-ils ? Celui de Metz a onze équivalents temps plein (ETP) à sa disposition !
De même, le ministère compte plus de 3 500 officiers généraux, active et deuxième section confondues. La nation en a-t-elle encore les moyens ?
Enfin, la masse salariale des officiers a augmenté de 5 % en 2011. Si on laisse faire, elle doublera en l'espace de dix ans. L'objectif est-il de constituer une armée mexicaine tandis que, dans le même temps, on demande aux personnels civils – notamment ceux de catégorie C, dont les salaires sont compris entre 1 200 et 1 300 euros par mois – de se serrer la ceinture, on refuse toute augmentation du point d'indice et on obère la possibilité d'agir sur le régime indemnitaire ?
Tous ces éléments font que le climat se tend entre les responsables militaires et les personnels civils. Il faut y prendre garde.