Le débat est intéressant, mais il doit paraître surréaliste aux usagers qui nous écoutent ainsi qu’aux acteurs du chemin de fer, notamment les cheminots. Une partie de la majorité dit qu’elle ne veut pas de contraintes tant que les moyens ne sont pas là. Ce n’est pas illogique, mais ce n’est pas ainsi que nous comblerons le gouffre financier du système ferroviaire. Une autre partie de la majorité, la majorité de la majorité, dit qu’il faut cadrer le système. Pour cela, il faut des moyens. Or il y a zéro moyens, et aucun investissement ne sera réalisé dans les prochaines années si l’on ne remet pas en place tout ce qui devait l’être au titre de la taxe poids lourds, à savoir la totalité de cette taxe. Sinon, c’est jouer au poker menteur.
Les contrats de plan État-régions comportent zéro moyens sur l’aspect territorial. Interrogez le président de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France : il n’y a rien ! Ce qui a été engagé en 2014 sera disponible pour 2015 si l’on débloque la taxe poids lourds, et comme ce ne sera pas le cas, car on se trouve, je le répète, dans une partie de poker menteur, cela aboutira au plus petit dénominateur commun ; le président Chanteguet, qui a écrit un rapport, le sait sans doute. Et je ne parle pas du troisième appel à projets de transports en site propre : pour les collectivités qui veulent engager des appels d’offres, c’est zéro, elles repasseront un autre jour ! Je ne vois pas comment le train pourra sortir du tunnel dans de bonnes conditions.
La question des moyens financiers est fondamentale. Par pitié, sortons par le haut ! La taxe poids lourds est le minimum minimorum. Cela rassurera peut-être les syndicalistes de bon sens, notamment de la CGT que j’ai rencontrés il n’y a pas longtemps et qui ne disent pas que des sottises, en particulier quand ils affirment qu’il faut des moyens et de la lisibilité. S’il vous plaît, parlons vrai !