Serait-on devenu un protectorat de l’Allemagne ? Non, et je ne comprends pas ce type de raisonnement. Vous ne faites pas confiance à votre pays, chers collègues, pas plus qu’à votre gouvernement.
Pour ma part, j’ai observé, un peu en connaisseur – étant très familier des arcanes de Bruxelles – ce qui s’est passé : il est vrai qu’à Bruxelles on n’obtient rien – je dis bien : rien – tout seul. C’est absolument évident, et c’est vrai pour l’Allemagne comme pour la France. Mais notre pays a toujours plutôt subi Bruxelles qu’elle n’a anticipé.
Pour avoir vécu entre les deux pays pendant dix ans, j’ai constaté que le Quiévrain transfigurait nos élus : ils n’étaient plus les mêmes dès qu’ils passaient cette petite rivière, qui formalise la frontière entre la Belgique et la France. Ce qu’ils votaient à Bruxelles, ils niaient l’avoir fait dès qu’ils franchissaient la frontière, tout simplement parce qu’ils subissaient Bruxelles.
Aujourd’hui, même si je ne l’observe pas dans tous les domaines, je constate que, dans les transports – je le dis ici sans flagornerie –, Frédéric Cuvillier a pris la mesure de la nécessité d’être présent, de tisser des compromis et bâtir des alliances.
Il est vrai que l’Allemagne dispose d’un groupe intégré – la Deutsche Bahn –, qui fonctionne et, même, domine l’Europe. S’agissant de la quasi-totalité des grandes compagnies et systèmes ferroviaires de référence, les plus efficaces sont ceux qui obtiennent les meilleures performances.
La France de Frédéric Cuvillier, contrairement à la France d’avant – je le dis parce que c’est la vérité – a fait chorus avec l’Allemagne pour essayer d’obtenir un infléchissement de la Commission : ce n’était pas le cas du gouvernement précédent. C’est tout simplement ce qu’il faut retenir, plutôt que d’être béat devant Mme Merkel. Il faut féliciter le gouvernement actuel d’avoir changé d’attitude par rapport à Bruxelles et d’avoir obtenu des résultats concrets.