Élu de Gironde, je comprends bien vos propos lorsque vous parlez de transferts sociaux invisibles. Pendant de nombreuses années, en effet, le monde rural a été tenu à bout de bras par les grandes collectivités, notamment par les départements qui ont effectué la péréquation entre la richesse fiscale de la métropole et le subventionnement de communes devenus quasiment non viables pendant la grande période de l'exode. Cela étant, le dynamisme du monde rural que vous décrivez aujourd'hui me paraît négatif dans la mesure où les migrations se font par la sélectivité sociale : on quitte la ville parce qu'y vivre coûte trop cher et qu'on espère trouver des terrains moins chers pour accéder à la propriété. Mais le système est à présent en crise : d'une part, les communes se retrouvent confrontées à des populations qui réclament des services sophistiqués et qu'elles ne peuvent pas toujours financer, d'autre part, du fait de l'augmentation des prix des carburants, les gens ne peuvent plus se déplacer dans leur nouvel Eldorado. Cette crise de la mobilité individuelle, qui est aussi celle de la mobilité des campagnes, tout n'étant pas gérable par transports collectifs, va-t-elle engendrer, selon vous, un retour à la ville ou, au contraire, la fixation de microsystèmes locaux, plus complets en matière économique et d'emplois, notamment ?