Je dirais que l'Europe a su se montrer réactive, mais à l'initiative de la France, qui a elle-même pu agir rapidement grâce au PIA. Celui-ci offre en effet une capacité de mobilisation infiniment plus rapide que le financement communautaire. Au niveau européen, un tel outil n'existe pas.
D'une manière générale, les projets financés dans le cadre du programme d'investissement d'avenir ont déjà apporté des résultats positifs substantiels.
Premièrement, le PIA a permis à la France non seulement de financer les travaux préparatoires autour d'Ariane 6, mais aussi de bien positionner son industrie par rapport à la concurrence allemande ou italienne en prévision du lancement de celle-ci : le 2 décembre 2014, le conseil de l'Agence spatiale européenne, réuni au niveau ministériel à Luxembourg, devrait donner le coup d'envoi au projet.
Deuxièmement, le projet SWOT permettra de pérenniser la filière industrielle d'altimétrie française. Rappelons que ses premiers pas remontent à 1992, lorsque le CNES s'était fortement engagé en faveur du lancement par Ariane d'un satellite de la NASA. Le satellite retenu fut le satellite d'altimétrie et d'océanographie TopexPoséidon, développé conjointement par le CNES et la NASA. Il fut remplacé ultérieurement par Jason I, puis Jason II et Jason III, avant de l'être bientôt par Jason CS. Le projet SWOT s'inscrit dans cette lignée. Élaboré en partenariat avec la NASA, il ouvrira de fortes perspectives de développement en région toulousaine à l'ensemble des entreprises de la filière océanographique. Sans les budgets ouverts par le programme d'investissement d'avenir, ce projet essentiel n'aurait pas pu exister.
Le troisième projet, Myriade Evolution, est une évolution de la plateforme Myriade. Conçue pour de petits satellites, celle-ci menaçait d'être surclassée par la concurrence. En finançant ce projet, le PIA lui a rendu la compétitivité qu'elle était en train de perdre.
Quatrièmement, le projet Satellite du futur relève de la même logique. En ce domaine aussi, la concurrence réagit très vite, notamment aux États-Unis. Des budgets peuvent être mobilisés en quelques semaines, voire en quelques jours. Nous avons connus de fortes alertes lors de la conférence de Washington, qui réunit chaque année au mois de mars tous les acteurs de ce secteur d'activité : grâce aux financements accordés par la NASA ou par le département américain de la défense, Space SystemsLoral et Boeing taillaient déjà des croupières à des industriels européens tels que Thales Alenia Space ou Airbus Defence and Space, parce qu'ils avaient développé des satellites à propulsion électrique. Cela m'avait conduit à attirer l'attention, devant les commissions de l'Assemblée nationale et du Sénat, sur la nécessité de sources de financement rapidement mobilisables, en faveur d'un « Ariane 6 des satellites ». Le programme d'investissement d'avenir a finalement fourni 50 millions d'euros à ce projet qui constitue, comme je l'ai dit, l'un des trente-quatre projets de la Nouvelle France industrielle.
Enfin, le projet de satellite à très haut débit dit « THD Sat » comble les lacunes du satellite KA-SAT. En effet, ce dernier ne couvre pas tout le territoire national et laisse beaucoup de zones blanches, la fibre optique n'étant pas déployée partout. THS Sat assurera aux habitants de ces zones, malgré l'absence de fibre optique, l'accès à une connexion de très haut débit, et ce alors qu'il n'était pas prévu de crédits budgétaires pour ce projet – la technologie évolue extrêmement vite en ce domaine.
Dans tous ces cas, le PIA, par sa réactivité et par son fléchage précis, a permis d'obtenir, en seulement deux ou trois ans, des résultats très encourageants.