Madame la présidente, messieurs les ministres, madame la rapporteure générale, j’ai un peu de mal à comprendre le positionnement de l’UMP et de l’opposition. Quand, il y a deux ans, lors du collectif budgétaire de 2012, l’UMP s’était opposée à la suppression de la TVA sociale et à la remise en ordre de l’ISF, c’était logique. Mais sur ce PLFR pour 2014, au-delà du petit jeu que joue toute opposition, et même s’il y a, reconnaissons-le, une différence de degré, les choix qui sont aujourd’hui proposés par le Gouvernement ne devraient pas vous effrayer, madame Pécresse.
Le secrétaire d’État au budget vient d’expliquer que le CICE était comparable aux lois Fillon, ce qui est vrai. On nous a expliqué que le CICE et la TVA sociale étaient à peu près la même chose, ce qui est vrai. Il s’agit en effet du même mécanisme : on allège des prélèvements sur les entreprises pour les reporter sur les ménages, via la TVA. M. le secrétaire d’État a même dit que les entreprises auraient le fromage et le dessert – je ne fais que reprendre son expression, qui ne me serait pas venue à l’esprit –, puisqu’elles recevront 41 milliards en 2015.
Je ne vois donc pas ce qui peut vous effrayer, madame Pécresse ! La récente prise de position des responsables européens sociaux-démocrates en faveur de la nomination de M. Junker est une autre preuve criante que vous n’avez aucune raison de vous effrayer. Notre pays ne va pas bien : il souffre de la désindustrialisation et d’une forme d’atonie. Il souffre surtout des choix de politique économique désastreux que vous avez faits quand vous étiez au pouvoir, madame Pécresse, et aussi d’une certaine continuité de la politique actuelle avec la vôtre, alors qu’il aurait fallu une véritable rupture, un « changement maintenant » !
Les députés du Front de gauche, que l’on appellera les frondeurs de 2012 – puisqu’il y a les frondeurs de 2014 –, sont mobilisés pour ouvrir une nouvelle voie, qui s’avère de plus en plus nécessaire, alors que les inégalités de revenus et de patrimoines ne cessent d’exploser. Les députés du Front de gauche n’approuvent pas ce collectif budgétaire qui, avec le projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale de la semaine prochaine, va accroître les inégalités, sociales et territoriales. Pour autant, la droite ne saurait nous convaincre, madame Pécresse.
Nous ne participerons donc pas au vote sur votre motion de rejet préalable.