Intervention de Denis Baupin

Séance en hémicycle du 9 novembre 2012 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2013 — Écologie développement et aménagement durables

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Baupin, rapporteur pour avis de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire pour la transition écologique :

…je souhaite que le discours du 14 septembre constitue vraiment un discours fondateur, et que les chantiers essentiels, dont la fiscalité écologique, soient engagés dès maintenant et non reportés à 2016.

Cette transition est une nécessité pour des raisons au moins autant économiques qu'environnementales. Tout d'abord, la facture des énergies fossiles s'établit à 61 milliards d'euros, soit 3 % de notre PIB et 88 % de notre déficit commercial.

De plus, le poids de l'énergie sur le pouvoir d'achat de nos concitoyens ne cesse de croître : plus les prix et les consommations augmentent, plus la précarité énergétique s'étend.

Par ailleurs, le dérèglement climatique qui s'accélère nous place sur une pente dangereuse, et rend impensable, voire irresponsable, le recours supplémentaire à des énergies fossiles.

Enfin, si l'énergie nucléaire ne fait pas consensus entre nous, constatons au moins que la place hors norme et même unique au monde qu'elle occupe dans notre pays nous met dans une situation de très forte vulnérabilité, dans tous les sens du mot.

Il est donc crucial que notre pays passe des vieilles énergies – fossiles et fissiles – aux énergies nouvelles, porteuses de la prospérité et des emplois de demain. La première de ces énergies d'avenir repose évidemment sur la sobriété et la maîtrise de l'énergie, et je me réjouis de constater chaque jour un peu plus la progression de l'idée que nous devons penser « négawatts » plutôt que mégawatts.

Ajuster l'offre à nos véritables besoins, et non proposer une offre abondante qui génère d'importants coûts externes, induit un changement fondamental pour les producteurs et distributeurs. Plutôt que de vendre du kilowatt, ils devront gérer intelligemment les flux et favoriser les procédés économisant l'énergie.

Faisons de cette mutation une formidable opportunité économique : elle constitue un gisement majeur d'emplois qualifiés et une source de progrès technologiques dans des domaines où la France dispose de nombreuses entreprises leaders.

Comme les énergies renouvelables, qui sont par définition des énergies locales, les grands chantiers de maîtrise de l'énergie dans le bâtiment, les transports et les consommations électriques sont générateurs d'emplois locaux, et les filières concernées sont même souvent parmi les plus intensives en main d'oeuvre.

Miser sur la transition énergétique signifie donc faire le choix d'arrêter de dépenser des milliards d'euros pour importer des vieilles énergies afin de les investir localement. Cela signifie également financer nos entreprises et nos artisans, redynamiser nos territoires et créer des centaines de milliers d'emplois.

La transition énergétique constitue donc la voie royale du made in France, à tout le moins du made in France tourné vers l'avenir.

En procédant à de nombreuses auditions pour rédiger mon avis budgétaire, j'ai constaté qu'il existait un large consensus sur l'objectif de sobriété. Le monde économique y est favorable au moins autant que les associations environnementales. Il attend de l'État qu'il fixe un cadre législatif stable et des règles fiscales claires. Raison de plus pour ne pas reporter à 2016 la mise en place d'une fiscalité écologique.

La commission du développement durable a donné un avis favorable à l'adoption des crédits du programme 174, et j'engage l'Assemblée à faire de même.

Je souhaite toutefois rappeler nos très fortes attentes pour les prochains mois, afin que la France prenne toute sa place dans le grand virage industriel et énergétique d'avenir déjà engagé par de nombreux pays. (Applaudissements sur les bancs des groupes écologiste, SRC et RRDP.)

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