Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le ministre, chers collègues, une politique dans n'importe quel domaine, c'est la réunion d'objectifs et de moyens. Des moyens sans objectifs, c'est la reconduction d'actions passées, ce qui peut parfois se concevoir ; des objectifs sans moyens, c'est tromper l'opinion publique ou renoncer à certaines actions dont il convient évidemment de dresser la liste.
Vous et les membres de votre coalition avez affiché de grandes ambitions sur le plan environnemental, voici moins d'un an, lors de la campagne présidentielle. Nous savons tous ce qu'est parfois un programme électoral… Je ne m'y attarderai pas, cela pourrait d'ailleurs être cruel, et me contenterai de revenir sur les objectifs que vous vous êtes fixés récemment en arrivant au pouvoir. Ces derniers étaient évidemment attendus.
Je me suis rendu, comme vous le savez, à la conférence environnementale. Lors de cette rencontre une feuille de route était attendue pour ces cinq prochaines années. Nous nous y sommes exprimés, il manquait certains acteurs, les salles étaient exiguës, ce ne fut souvent, par manque de temps, que des successions d'interventions, mais cette rencontre méritait d'être organisée. Les participants ayant à peine achevé d'exprimer leurs positions, le Président de la République arrive, les oreilles se tendent, il nous dit « Je vous ai compris »(Rires sur les bancs du groupe UMP) et annonce ce que je qualifierai « de lourd » de très très lourd même : mettre aux normes énergétiques un million de logements neufs et anciens, dont 500 000 anciens. Le porte-parole de France nature environnement a déclaré qu'à peine 100 000 étaient rénovés actuellement et qu'il s'agissait d'un engagement exceptionnel, mais difficilement tenable, considérant qu'il faudrait dépasser le chiffre de 340 000 logements neufs construits actuellement pour arriver aux 500 000 mentionnés. Comme si cette annonce spectaculaire ne suffisait pas, le même Président confirme le passage de 75 % à 50 % d'électricité nucléaire en 2025 et annonce un vaste plan de développement des énergies éoliennes, ce qui est son corollaire. L'ancienne majorité s'était fixé 23 % d'énergie renouvelable en 2020 et a rencontré des difficultés pour tenir certaines trajectoires, plus d'ailleurs dans la partie chaleur que dans la partie électricité, et vous voulez faire beaucoup plus ! Le même Président annonce la création d'une grande agence de la biodiversité, c'est courageux, et il affirme l'arrivée de nouvelles fiscalités écologiques dont nous avons tous compris qu'elles s'ajoutaient à la taxe sur les transactions financières lancée par l'ancienne majorité, afin de financer toutes ces actions très ambitieuses. « N'en jetez plus la coupe est pleine » ! Nous n'avons pas eu l'impudence de relever que tous les domaines n'étaient pas traités et que, notamment, celui des transports, avait été oublié dans les déclarations présidentielles, c'est pourtant le deuxième axe prioritaire dans la transition énergétique.