C'est la raison pour laquelle les écologistes refusent l'exploitation des hydrocarbures de schiste : bénéfices à court terme, mais catastrophe climatique et environnementale à moyen et long terme. Ne remplaçons pas le pic pétrolier actuel par un « pic schisteux » dans quelques années. Les énergies renouvelables sont le seul choix possible, puisque n'est prévu aucun pic solaire ou pic géothermique.
L'écologie ne se résume pas à l'environnement, c'est au contraire une réflexion politique et économique globale fondée entre autres sur la finitude de la planète et la raréfaction des ressources naturelles.
Nous sommes à un tournant, à un moment charnière. Le mot crise est sans cesse employé, crise économique, crise budgétaire, crise écologique, crise sociale, crise démocratique, crise énergétique, bref une crise profonde de notre modèle de développement. Ces crises, nous ne parvenons pas à les résoudre, tant il est difficile de prendre de la hauteur de vue et de sortir de l'urgence et du court terme qui commandent tout. Dans quelques années, lorsque nous analyserons cette période avec suffisamment de recul, nous pourrons constater la pertinence ou non de nos choix actuels.
La solution aux difficultés que nous connaissons passe par la nécessaire transformation du modèle dans lequel le monde évolue depuis des décennies, un modèle productiviste, court-termiste et carboné. Ce modèle n'est pas durable, mais nous n'arrivons pas à en sortir, ou timidement, fébrilement, et toujours trop peu.
Je fais mienne cette réflexion de Keynes, selon laquelle « la difficulté n'est pas de comprendre les idées nouvelles, elle est d'échapper aux idées anciennes qui ont poussé leurs ramifications dans tous les recoins de l'esprit des personnes ayant reçu la même formation que la plupart d'entre nous ».
Alors, oui, tout le monde comprend la nécessité d'aller vers la transition écologique, de trouver un mode de développement plus durable et soucieux des générations futures, mais les idées anciennes étouffent les solutions. Notre responsabilité commune est d'engager aujourd'hui les réformes et d'abandonner cette pensée unique fondée sur la croissance productiviste, croissance dont on attend le retour depuis quarante ans et dont il faut avoir l'honnêteté de dire qu'elle ne reviendra pas dans sa conception actuelle, fondée sur un modèle dépassé. Il faut s'extraire de cette logique de cycles économiques suivie tête baissée, qui laisse croire que la croissance est au coin de la rue. C'est cette logique de cycles qui nous pousse aujourd'hui à faire preuve d'une rigueur budgétaire laissant espérer demain des jours meilleurs. L'idée selon laquelle, après l'effort, vient le réconfort est tentante, mais peut-on encore y croire ?
Nous devons, ici et maintenant, construire le développement durable, non pas la croissance sur laquelle spéculent les marchés financiers, mais celle qui doit permettre à nos concitoyens de vivre mieux dans un environnement sain et préservé pour les générations futures.
Nous sommes à un moment charnière, le Gouvernement et les parlementaires de gauche et écologistes, ensemble, doivent engager la transition.
Le budget que nous examinons n'amorce pourtant pas la nécessaire mutation de notre modèle de développement. Il n'emprunte pas cette vision de long terme défendue par les écologistes. Il est vrai que mettre en oeuvre la transition écologique en actes budgétaires est une tâche difficile.
Dans ce cadre budgétaire, nous nous inquiétons de la baisse des crédits du ministère de l'écologie, qui n'a pas été retenu comme ministère prioritaire,…