Intervention de Xu Bo

Réunion du 25 juin 2014 à 16h00
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Xu Bo, ancien adjoint au Commissaire général de l'Exposition universelle de 2010 à Shanghai :

Premièrement, le rapport de candidature doit être soutenu par le Président de la République. Il doit auparavant écrire une lettre au Secrétaire général du BIE pour présenter la candidature du pays et lui apporter le soutien de l'État. Le ministre des Finances doit apporter une lettre de caution qui confirme le soutien financier de l'État. Par définition, l'Expo n'est pas un événement de même nature que les Jeux olympiques. Ce n'est pas la ville, c'est le Gouvernement central de l'État qui l'organise. La ville met en oeuvre l'exposition mais c'est l'État qui parle. Il faut mobiliser au plus haut niveau. Le Président de la République lui-même doit être sensibilisé par votre campagne. C'est primordial.

L'État doit mettre à la disposition de cette campagne toutes ses ressources et ses atouts diplomatiques. Ce sont des diplomates qui font campagne auprès des délégués des États au BIE. Ce n'est pas comparable au Comité International Olympique. Les délégués ne peuvent pas se comporter comme des individus, chaque voix exprime l'attitude d'un pays. Vous avez le privilège de pouvoir rencontrer les délégués assez facilement puisque le BIE siège à Paris. Il faut les inviter, leur faire connaître le concept de votre projet. Il faut préparer un programme d'assistance pour les pays en voie de développement. Pour attirer leurs voix sur la candidature de Shanghaï, nous avons financé leur participation à l'exposition pour un montant de 100 millions de dollars. C'est important. Les Coréens avaient également prévu cette contribution qui est dans leur coutume. Ce n'est pas mal vu. C'est normal que la Chine facilite la participation des pays pauvres. La France est-elle prête à le faire ? Il faut ensuite mobiliser les ambassadeurs dans les capitales des pays membres du BIE puisque c'est de la capitale que partent les instructions de vote transmises aux délégués réunis à Paris.

Beaucoup de pays, qui reconnaissent l'importance de la Chine, ont souhaité accompagner sa renaissance. Tout le monde a vu d'un bon oeil sa réémergence. Ce fut surtout le cas des pays en voie de développement puisque nous nous considérons toujours de la même famille. Nous avons également des relations privilégiées avec des pays comme la France. Nous avons mobilisé facilement les capitales de ces pays pour obtenir leur soutien en faveur de l'Expo de Shanghaï.

Mais il faut dire honnêtement que le marché chinois a donné à notre candidature un atout inégalé. Derrière la parole de la diplomatie publique, les pays développés comme les pays en voie de développement attachent de l'importance au marché. Chaque voix compte et il y a des tractations. Notre relation avec la France est sentimentale et stratégique. Les pays nordiques, par exemple, qui sont neutres dans les relations internationales, considèrent les expositions universelles comme un jeu, une rencontre culturelle entre les peuples moins importante que les autres événements internationaux. Mais, pour ces pays, le marché chinois est très attirant. Les négociations ont porté sur la création de liaisons aériennes entre les aéroports chinois et ceux des pays qui allaient voter pour nous. Il y a eu des négociations semblables avec des pays qui, même s'ils n'ont pas l'intention d'investir en Chine, veulent attirer les touristes chinois. Cela concerne un grand nombre de pays qui, s'ils n'ont pas d'investissements en Chine, y ont des intérêts. Je pense en particulier à l'Île Maurice. Ces intérêts doivent être travaillés. Pour les grands pays, ce travail est travail stratégique et politique. Pour les pays moyens, il est économique. Tout cela se prépare. Le délégué de la Grande Bretagne a dit très clairement qu'il choisirait le candidat qui présenterait le meilleur dossier, afin de soutenir la tradition de diplomatie publique et afin de promouvoir l'image du pays et non pas de gagner de l'argent. Cela a été dit très clairement.

La qualité du dossier est d'abord celle du thème retenu pour l'exposition. Nous avions un thème magnifique, consensuel : «Meilleure ville, meilleure vie ». Aujourd'hui, tout le monde vit en ville : cela a été facile d'obtenir les votes tant des pays développés que des pays en voie de développement.

Pour bien préparer votre candidature il faut qu'elle soit soutenue par la plus haute autorité politique et que votre arsenal diplomatique soit mobilisé.

Il faut également travailler, au cas par cas, pour obtenir les votes des délégués de chaque pays votant. Si l'on prend le cas de la Chine, c'est facile, les Chinois aiment Paris et seront convaincus par une candidature parisienne. Pour les autres pays, il va falloir tisser des liens étroits, développer les investissements, la culture, le tourisme.

Un bon dossier est un dossier conçu d'une manière complète.

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