Intervention de Xu Bo

Réunion du 25 juin 2014 à 16h00
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Xu Bo, ancien adjoint au Commissaire général de l'Exposition universelle de 2010 à Shanghai :

Concernant la participation du peuple, les Chinois sont très patriotes et c'était une exposition attendue depuis au moins cent ans ! Des campagnes de sensibilisation étaient organisées chaque jour. De manière directe ou indirecte, tout le monde était impliqué. A l'acmé de l'exposition, un million de volontaires, notamment de nombreux étudiants, étaient mobilisés, dans les quartiers, les aéroports. Les citoyens ont été sollicités pour donner leur opinion et apporter leurs suggestions vis-à-vis de l'exposition. Une campagne d'éducation, une campagne sur « l'étiquette », la politesse, mais également les connaissances géographiques ainsi que les relations extérieures, a également été lancée. Il faut dire, qu'honnêtement, les Shanghaïens étaient plus mobilisés que les Pékinois pour des raisons évidentes de distance géographique. Les campagnes d'éducation sont importantes. La mobilisation ne peut se faire que sur un plan moral, c'est comme cela que les citoyens se sentent maîtres du jeu, il est difficile de les impliquer sur un plan technique. Pendant six mois, tout le monde a été mobilisé, notamment les familles pour l'accueil des visiteurs. Voilà pour l'aspect partage !

Concernant la possibilité d'organiser une exposition multi-sites, spécificité de la candidature parisienne, prendre l'exemple de Shanghaï n'est pas pertinent parce que nous disposons encore d'espaces à construire. C'était assez malin de choisir pour l'exposition un endroit à l'abandon : les anciens chantiers navals. En effet, les gens vivaient là dans des conditions misérables, on ne disposait d'aucun levier pour mobiliser, déménager : il fallait trouver un prétexte.

Il faut rendre hommage à votre délégué du BIE, M.Bernard Testu, ainsi qu'aux autres délégués qui sont venus visiter le site en 2001. Un autre endroit avait également était proposé, les champs de coton, qui ne sont pas le long du fleuve, et sont donc plus facilement constructibles. C'est le thème « meilleure ville, meilleure vie » qui a séduit les délégués, reconstruire une ville, un quartier, cela profite à tous, même aux gens déplacés, cela permet une régénération de la ville. C'était un dossier très solide. Imaginer une candidature de Shanghaï sur plusieurs sites n'est donc pas pertinent.

Concernant Paris, il faut faire appel à l'imagination et les Français sont connus pour leur imagination ! C'est aussi une particularité qui aura l'atout de l'originalité ! On peut imaginer utiliser l'avenue de la Grande Armée jusqu'à la Grande Arche, mettre les bâtiments qui existent déjà, Grand Palais, etc…, à la disposition des pays participants pour en faire une vitrine de l'exposition. Le règlement du BIE précise que chaque pays doit être physiquement représenté, pour cela des quantités de terrain doivent leur être affectées car il ne s'agit pas d'une exposition virtuelle. Quelles surfaces seraient donc susceptibles d'être disponibles pour répondre à ce critère physique et quantitatif ? Monsieur le Président m'a expliqué qu'il souhaitait que les châteaux de Versailles, Chantilly, etc…soient mis à disposition.

Le défi français est de réussir à présenter un dossier dans lequel tout apparaîtra lié et non pas segmenté. Des solutions sont envisageables, avec suffisamment de finesse : il faut proposer des choses simples, pas trop techniques, trouver un thème qui puisse satisfaire l'ensemble des pays et fasse valoir les spécificités françaises qui sont le savoir-faire, le savoir-vivre. Actuellement, le monde souffre des bouleversements technologiques induits par la révolution numérique, la mondialisation, la société de consommation, la perte des repères éthiques. Peu de gens sont heureux, même en Chine, malgré le progrès. Pourquoi ne pas porter un projet qui ait pour thème le bonheur ? Imaginer le bonheur n'exige pas beaucoup d'espace, mais incite à participer aux manifestations culturelles, artistiques, digitales, virtuelles…A Versailles, par exemple, vous pourriez monter une exposition thématique à laquelle chaque pays pourrait participer, comme également sur l'avenue de la Grande Armée.

Ce type de compromis vous semble-t-il envisageable ? Les pays du Sud, notamment africains, seraient très enclins à participer à une exposition qui mettrait en valeur leur joie de vivre, leurs traditions. Si vous choisissez un thème très technologique, leur participation sera plus difficile.

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