Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 18 juin 2014 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Nous avons le plaisir de recevoir M. Jean-François Girault, directeur d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient au ministère des affaires étrangères, et par ailleurs ancien ambassadeur de France à Bagdad, de 2006 à 2009, pour une audition consacrée à la situation en Irak. Merci pour votre grande disponibilité. Je précise que cette réunion n'est pas ouverte à la presse.

Pourriez-vous commencer par faire le point sur les derniers développements en Irak ? Le déferlement de milliers de combattants de l'organisation terroriste EIIL, l'Etat islamique en Irak et au Levant, sur plusieurs provinces au Nord du pays où se trouvent bien sûr de nombreux gisements de pétrole, a constitué une véritable surprise. Où en est-on précisément sur le terrain ? Et comment en est-on arrivé là ? Nous nous interrogeons en particulier sur les responsabilités respectives des Américains, qui ont profondément déstabilisé le pays depuis leur intervention militaire de 2003, du Premier ministre irakien Maliki, qui n'a rien fait pour intégrer les sunnites à l'exercice du pouvoir et n'a fait qu'attiser les tensions, et vous nous direz enfin ce qu'il en est du jeu des principaux acteurs régionaux, Iran et Arabie saoudite en tête.

En second lieu, quelles sont les hypothèses envisageables pour apaiser la situation en Irak ? Si les Américains n'intervenaient pas, ou seulement marginalement, quelles sont les options alternatives ? L'Union européenne et la France pourraient-elles initier quelque chose ou sommes-nous condamnés à dépendre des Etats-Unis ? Si l'on s'appuyait sur les Iraniens, ne risquerait-on pas de renforcer encore leur main en Irak et dans la région ? A quelles évolutions doit-on s'attendre dans la relation américano-iranienne ? A défaut, peut-on envisager une solution strictement irakienne ? Il ne paraît pas établi, pour l'instant, que l'armée irakienne soit en mesure d'enrayer durablement la progression de l'EIIL, ni de reprendre la main, ni que la création d'un gouvernement d'union nationale, si souhaitable qu'elle soit, puisse avoir une efficacité à court terme.

Dernier point que je souhaiterais aborder : à quelles répercussions vous attendez-vous au plan régional ? On pense en particulier à la Syrie, où l'EIIL est également implanté, avec la connivence manifeste du régime. La montée en puissance de l'EIIL en Irak est évidemment une mauvaise nouvelle pour l'opposition modérée, qui lutte contre cette organisation terroriste. Par ailleurs, les récents développements en Irak ne risquent-ils pas d'asseoir la position de Bachar Al-Assad en confortant une lecture strictement sécuritaire de la crise syrienne ?

Au-delà de l'Irak et de la Syrie, n'y a-t-il pas un risque d'aggravation de la confrontation entre sunnites et chiites ? L'appel du Premier ministre à la mobilisation, son projet de constituer des milices chiites pour lutter contre les « terroristes », a suscité des inquiétudes. Vous paraissent-elles justifiées ?

Enfin, nous serons très attentifs à ce que vous pourrez nous dire sur les conséquences envisageables au Kurdistan irakien. Les Kurdes paraissent avoir saisi l'occasion pour prendre le contrôle du territoire contesté de Kirkouk, et ainsi de renforcer leur main. Pourraient-ils en profiter pour aller plus loin ?

Je vous cède maintenant la parole. Nous en viendrons ensuite aux questions que mes collègues souhaiteront vous poser.

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